Crise du gaz : Berlin s’inquiète, la Maison Blanche cherche des alternatives
L’Europe aura-t-elle suffisamment de gaz pour passer l’hiver ? Les inquiétudes grandissent, à mesure que croissent les tensions entre l’Ukraine et la Russie.
Les réserves de gaz allemandes sous haute surveillance
L’annonce de l’Allemagne faite ce mercredi 9 février n’est pas faite pour apaiser les esprits : le niveau des réserves de gaz en Allemagne a en effet atteint un niveau « inquiétant », a indiqué mercredi une porte-parole du ministère de l’Economie et du Climat. « Nous surveillons la situation des niveaux de stockage et elle est certainement inquiétante », a déclaré la porte-parole lors d’une conférence de presse du gouvernement, précisant que les stocks étaient tombés à 35-36%, contre 40% il y a peu, et 82% en 2020, à la même période.
En France, le gestionnaire de réseau a assuré que la situation était sous contrôle. Des propos confortés par le Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes.
« Le stock européen, notamment en France, pour cet hiver, est suffisant » a déclaré aujourd’hui Clément Beaune à l’Assemblée nationale, avant d’ajouter « On doit réduire la dépendance européenne, celle de la France mais aussi la dépendance de nos voisins. Nous devons clairement aussi améliorer notre capacité de stockage, et plus largement accélérer notre transition énergétique au niveau européen. Nous devons travailler avec les États-Unis et plusieurs partenaires internationaux dans l’attente de cette transition. »
Un approvisionnement croissant en GNL
Depuis le début de la crise russo-ukrainienne, les importations de GNL à destination de l’Europe sont en forte croissance, notamment depuis les Etats-Unis. Ces derniers multiplient aussi les interventions auprès de leurs partenaires internationaux afin que la dépendance européenne au gaz russe pèse le moins possible dans la balance des négociations.
Ainsi, le Japon vient d’annoncer qu’il acceptait de transférer une partie de ses réserves de gaz vers l’Europe, « après avoir assuré ses besoins intérieurs en février, le mois le plus froid de l’année ».
« À la lumière de la demande de l’ambassadeur américain au Japon, Rahm Emmanuel, et compte tenu de la grave situation de pénurie de gaz en Europe, nous avons décidé de coopérer » a déclaré en conférence de presse le ministre japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, Koichi Hagiuda.
Plusieurs navires-citernes qui devaient initialement transporter du GNL au Japon ont déjà mis le cap vers l’Europe, et d’autres devraient les imiter en mars.
Les États-Unis avaient également évoqué la possibilité que le Qatar, leur proche allié dans le Golfe, approvisionne les pays d’Europe occidentale si les gazoducs russes étaient coupés. Mais le Qatar, à l’instar des autres grands importateurs, est au maximum de sa capacité de production. Les producteurs sont également déjà engagés avec l’Asie, via des contrats long terme qu’il n’est pas question de rompre.