Les rénovations ont eu du mal à décoller en 2024. La faute à la complexité du dispositif et les prix, entre autres.
Pour 2025, l’Anah prévoit 250 000 rénovations dont 100 000 d’ampleur.

Alors que le budget alloué aux rénovations en 2024 n’a pas été totalement exploité, les rénovations ont eu du mal à décoller. La faute à la complexité du dispositif et les prix, entre autres.

MaPrimeRénov’ exploitée à seulement 66%

L’année 2024 a enregistré une sous-consommation des crédits alloués à la rénovation énergétique. L’Anah (l’Agence nationale de l’habitat) avait prévu un budget de 5 milliards d’euros. Seuls 3,29 milliards d’euros d’aides ont été versés, finalement. Une situation qui justifie la révision à la baisse des crédits MaPrimeRénov’ pour 2025, selon la ministre du logement, Valérie Létard (3,4 milliards).

Le bilan est nettement en-deçà des objectifs affichés il y a un peu plus d’un an. Alors que 700 000 rénovations étaient escomptées, dont 200 000 rénovations d’ampleurs ; l’année 2024 n’a vu que 340 000 logements rénovés dont 91 000 rénovations d’ampleur. Plusieurs éléments expliquent cette situation.

-75%

Soit la baisse des dossiers déposés au 1er trimestre 2024, par rapport au 1er trimestre 2023

Il faut « simplifier, accompagner, éclaircir le parcours de soutien à la rénovation »

La réforme du dispositif a nécessité un « temps d’appropriation », selon Oriane Roulet, directrice adjointe de l’expertise et des politiques publiques de l’Anah. L’un des symboles de la complexité du mécanisme : l’obligation, pour les projets d’ampleur, d’être suivi par un agent « Mon accompagnateur Rénov’ ». Résultats : le premier trimestre 2024 a enregistré une baisse de 75% des dossiers déposés par rapport à la même période en 2023. « Nos clients étaient perdus et nos artisans aussi », souligne Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB).

De plus, la réglementation va probablement être amenée à évoluer, à nouveau. « Cela n’aide pas », commente Aïda Tazi, responsable du pôle bâtiment et immobilier du cabinet Carbone 4. Pour elle, il faut « simplifier, accompagner et éclaircir le parcours de soutien à la rénovation ».

« Le reste à charge est encore un peu trop gros »

MaPrimeRénov’ est la cible de tentatives de fraudes. L’Anah étudie minutieusement chaque dossier et bloque ceux qui suscitent le doute. « Le délai de traitement d’un dossier, hors schéma de fraude et signalement, est de cinq semaines », indique Valérie Mancret-Taylor, directrice de l’Anah.

Or, les coûts des rénovations sont élevés. Pour des travaux d’ampleur, le coût moyen est de 55 000 € dont 20 000 € qui restent à charge pour le ménage après versement des aides. « Le reste à charge est encore un peu trop gros », d’après Clarisse Berger, chargée de mission Energie-Logement chez UFC-Que choisir ; et MaPrimeRénov’ n’est versée qu’après la présentation de la facture.

Entre l’étude des dossiers, les délais de versement de l’aide et les coûts des travaux, un découragement est né chez les propriétaires.

« Un nombre important de dossiers » déposés fin 2024

Le nombre d’entreprises détentrices du label « reconnu garant de l’environnement » (RGE) obligatoire pour prétendre aux aides MaPrimeRénov’ stagne autour de 60 000 et a même baissé entre 2022 et 2025, selon l’ADEME. « On ne manque pas d’artisans. 600 000 salariés du bâtiment peuvent faire des travaux RGE », réagit Olivier Salleron pour qui la baisse du nombre d’entreprises labellisées vient d’ « un ras-le-bol de l’instabilité de MaPrimeRénov’ ».

Oriane Raulet reste confiante : « un nombre très important de dossiers a été déposé en fin d’année dernière ». Pour elle, il faut que « l’ensemble de l’écosystème se mobilise. Des collectivités aux artisans en passant par les banques, pour faire décoller les rénovations de logements ». Pour 2025, l’Anah prévoit 250 000 rénovations dont 100 000 d’ampleur. Affaire à suivre.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou
Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste pigiste, en presse écrite, auprès de différents journaux et magazines.
Intéressé par les questions liées à l’énergie, il a la charge de la rédaction d’articles et de brèves pour Opéra Energie.