Initialement prévu pour 2035, le premier EPR2 ne devrait voir le jour qu’en 2038, a annoncé l’exécutif.
La décision finale d’investissement est attendue en 2026.

Initialement prévu pour 2035, le premier EPR2 ne devrait voir le jour qu’en 2038, a annoncé l’exécutif.

D’abord 2035, puis 2037, maintenant 2038

L’Élysée prévoit désormais la mise en service du premier des six réacteurs EPR2 en 2038, contre 2035 initialement. Ce projet, voulu par Emmanuel Macron dans le cadre de la relance du nucléaire, s’appuiera sur un prêt d’État à taux préférentiel et un renforcement de l’indépendance en uranium.

En février 2022, le président de la République avait annoncé la construction de six nouveaux réacteurs, avec une option pour huit supplémentaires, visant une première mise en service en 2035 à Penly. Toutefois, un audit gouvernemental publié la même année évoquait déjà un horizon 2037. Désormais, l’Élysée parle d’une mise en service « d’ici 2038 », selon un communiqué diffusé après un Conseil de politique nucléaire (CPN) autour d’Emmanuel Macron, le quatrième depuis 2022.

Coût : d’abord 51,7, puis 67,4, maintenant 79,9 milliards d’euros

Le coût du programme, estimé à 51,7 milliards d’euros en 2022 aux conditions de 2020, a grimpé à 67,4 milliards, atteignant même 79,9 milliards en tenant compte des conditions actualisées de 2023. Ces chiffres proviennent d’un rapport de la Cour des comptes, basé sur une évaluation d’EDF en fin d’année dernière.

Sans attendre le chiffrage définitif de l’énergéticien, le CPN a esquissé les grandes lignes du financement. Celui-ci s’inspirerait du modèle adopté pour la centrale tchèque de Dukovany, reposant principalement sur un prêt d’État à taux zéro validé par l’Union européenne. En France, le financement comprendrait un prêt bonifié couvrant au moins la moitié des coûts de construction et un contrat garantissant un prix maximal de 100 euros par mégawattheure pour la production nucléaire. En cas de prix du marché supérieur, EDF reverserait la différence à l’État, et si le prix est inférieur, l’État compenserait EDF.

L’objectif est de finaliser rapidement les discussions entre l’État et EDF, avant d’entamer des échanges avec la Commission européenne. La décision finale d’investissement, initialement prévue pour fin 2025, est désormais attendue en 2026.

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Sécurisation d’extraction d’uranium

Pourquoi ce report ? Selon une source proche d’EDF, « il y a moins d’urgence, autant prendre le temps de bien réussir le programme ». En 2022, la guerre en Ukraine avait fait craindre des pénuries d’électricité, mais depuis, la production d’EDF est revenue à son niveau d’avant-crise, les efforts de sobriété énergétique ont porté leurs fruits et la demande en électricité progresse moins vite que prévu.

Dans un contexte de regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire à l’échelle mondiale, le CPN a abordé la question de l’approvisionnement en uranium. Il a validé un plan d’action visant à sécuriser l’extraction et la transformation de ce combustible, ainsi que le soutien de l’État à Orano (ex-Areva) pour garantir un approvisionnement stable à moyen et long terme. Orano a salué ces annonces, qui s’inscrivent dans la continuité des investissements récents.

Par ailleurs, des travaux préparatoires ont été lancés pour relancer la recherche sur la fermeture du cycle du combustible nucléaire. Cette démarche vise à permettre, d’ici la seconde moitié du siècle, de se passer d’importations d’uranium naturel en réutilisant le combustible usé.

Enfin, concernant les mini-réacteurs (SMR – small modular reactors), le CPN a demandé au CEA d’engager des discussions avec les start-ups développant les projets les plus avancés, en vue d’une implantation sur les sites nucléaires de Marcoule et Cadarache.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou
Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste pigiste, en presse écrite, auprès de différents journaux et magazines.
Intéressé par les questions liées à l’énergie, il a la charge de la rédaction d’articles et de brèves pour Opéra Energie.