Prix de l’énergie : la hausse reprend de plus belle
Alors que les marchés étaient relativement stables la semaine dernière, voilà que les cours du gaz et de l’électricité s’emballent à nouveau, dans des proportions toujours plus grandes.
Aujourd’hui, les prix pour 2022 ont augmenté du 2/3 du prix de l’ARENH. https://t.co/8pSjyE4hbq
— Julien Teddé (@JulienTedde) December 8, 2021
Une hausse dont les origines sont multiples
En fin de journée, le Cal-22 Elec atteint les 225 €/MWh, tiré également par les prix du carbone qui vont de record en record : une « hausse invraisemblable », réagit Frank Roubanovitch, président du CLEEE, l’association de grands consommateurs d’énergie industriels et tertiaires.
Cette nouvelle explosion des prix trouve son origine dans la combinaison de différentes facteurs, structurels et conjoncturels.
Sur un plan « technique », EDF a reporté le démarrage de quelques-uns de ses réacteurs. L’Electricien va notamment maintenir une réduction de capacité de 160 MW sur son réacteur nucléaire de Paluel 2 (1,3 GW) pendant encore 6 mois, a minima.
TotalEnergies a repoussé le démarrage de sa centrale à cycle combiné gaz de Landivisiau (Bretagne) à la mi-février. En mer du nord, c’est l’une des plus grosses exploitations gazières norvégiennes qui est confrontée à des problèmes inattendus, alors que les tensions sur l’approvisionnement sont des plus fortes.
Sur un plan météo, les choses se compliquent également, avec une vague de froid qui s’abat sur l’Europe et le vent qui risque de manquer, notamment du côté de l’éolien allemand.
Enfin, le conflit entre la Russie et l’Ukraine revient avec force sur le devant de la scène. Voilà des semaines que Kiev accuse Moscou de masser des milliers de militaires en vue d’une possible invasion.
Si la Russie dément avec véhémence toute intention belliqueuse, la situation n’est pas sans rappeler celle précédant l’annexion décriée de la Crimée. L’Europe et les Etats-Unis multiplient les mises en garde, n’hésitant pas à remettre le lancement de Nord Stream 2 en question.
Le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz n’a ainsi, aujourd’hui, pas hésité à évoquer de possibles « conséquences » pour le gazoduc controversé.
En France, les pistes de la Commission des affaires économiques
Anthony Cellier (LREM) et Marie-Noëlle Battistel (SOC) ont présenté le 7 décembre leur communication sur la hausse des prix de l’énergie. Les deux rapporteurs ont souligné que la hausse actuelle des prix de l’énergie s’explique par une forte dépendance de l’Europe aux énergies fossiles. Pour Anthony Cellier, le pays est à « un moment charnière » de son histoire énergétique. Les deux rapporteurs ont formulé plusieurs recommandations pour faire face à la crise actuelle, parmi lesquelles :
- Prévenir tout effet d’aubaine des fournisseurs grâce au dispositif de compensation prévu après l’extinction des TRVG
- Soutenir l’essor des contrats de long terme pour les entreprises
- Initier dans les meilleurs délais les appels à candidatures nécessaires à la désignation pérenne de fournisseurs de secours en gaz et en électricité
- Diversifier la production d’électricité en investissant massivement dans les énergies décarbonées et en fixant des objectifs ambitieux en la matière dans la future loi quinquennale sur l’énergie
- Engager une réflexion sur l’ARENH avec l’ensemble des parties prenantes et ce dès 2023
- Améliorer la flexibilité de la demande en mobilisant davantage les capacités d’effacement de consommation.