RTE : 94 milliards pour adapter le réseau
Le 13 février, le gestionnaire a présenté un plan de modernisation du réseau, qui devrait coûter près de 100 milliards d’euros.
Une transformation similaire à celle des « Trente glorieuses »
Le jeudi 13 février, RTE a présenté un plan de transformation de ses installations. 40 000 km de lignes à haute ou très haute tension sur un réseau total de 106 000 km sont concernés, pour des travaux qui devraient nous amener à 2040. A cela s’ajoutent le renouvellement de 23 500 km de lignes aériennes (27% des lignes aériennes ont plus de 60 ans) et le remplacement de 85 000 pylônes (65 000 pylônes ont entre 70 et 105 ans, aujourd’hui).
En tout et pour tout c’est 80% du réseau qui doit être adapté. Certains territoires seront plus touchés que d’autres : la Nouvelle-Aquitaine, l’Auvergne-Rhône-Alpes, l’Occitanie et la Bourgogne-Franche-Comté représentent à eux seuls la moitié des travaux. « En renouvelant ces lignes, nous allons faire en sorte qu’elles puissent faire transiter davantage d’électricité qu’aujourd’hui, ce qui permettra de renforcer l’attractivité de ces territoires », explique Thomas Veyrenc, membre du directoire et directeur général de l’économie et de la stratégie de RTE. L’adaptation complète dont la finalisation est prévue pour 2060 serait d’une ampleur similaire à celle des « Trente Glorieuses », selon le gestionnaire.
Indispensable pour la transition énergétique
« Le réseau est bien adapté à une France dont l’électricité ne représente qu’un peu plus du quart des besoins énergétiques du pays. Porter la part de l’électricité au-delà de 50 % de ces besoins impliquera nécessairement des investissements », justifie RTE. La transition énergétique, dont l’un des objectifs est la substitution des énergies fossiles par les énergies renouvelables, nécessite une électrification accrue. Ainsi, l’éolien en mer est « un défi industriel d’envergure » selon le gestionnaire, qui a pour but l’installation de 18 GW de capacité pour 2035. Le renforcement de la production nucléaire va également influencer les travaux de RTE. Les six EPR2, en prévision, devraient renforcer le réseau à haute tension.
Si le réseau est vieillissant, comme nous l’avons vu, il est également vulnérable au changement climatique. Les tempêtes de 1999 qui avaient mis hors service 25% du réseau ont poussé le gestionnaire à réagir, à l’époque. Désormais, le réseau résiste à des vents allant jusqu’à 180 km/h. Aujourd’hui, les fortes chaleurs de plus en plus fréquentes sont le problème. « Nous supposons que les infrastructures que l’on va construire dans les quinze prochaines années existeront encore en 2100. Nous nous plaçons donc dans une France à + 4 °C de réchauffement [par rapport à l’ère préindustrielle] », précise Xavier Pierchaczyk, président du Directoire de RTE.
Un projet coûteux : quelles conséquences pour les particuliers et les entreprises ?
Le coût de tous ces travaux ? 94 milliards d’euros d’ici 2040, sous réserve que la mise en service des projets ait lieu en temps et en heure. 37 de ces 94 milliards seront dédiés aux seules infrastructures en mer et un pic de 8 milliards sera investi en 2031, soit trois fois plus qu’en 2023. Les besoins de recrutement seront conséquents : entre 8 000 et 12 000 embauches par an sont prévues d’ici 2030.
Les conséquences financières pour les ménages et les entreprises restent encore imprécises. Les frais de maintenance, d’entretien et de développement des réseaux de transports et de distribution représentent « environ 20% à 30% d’une facture moyenne », rappelle la CRE. Le reste étant couvert par le prix de l’énergie et la fiscalité.
Ce schéma de développement du réseau sera soumis à un débat public et à plusieurs avis.