Donald Trump a affirmé que le déficit commercial américain vis-à-vis de l’Europe pourrait être atténué si cette dernière acceptait d’acheter plus de gaz et de pétrole américains.

Une solution controversée

Depuis l’invasion de l’Ukraine et la réduction des livraisons de gaz russe, les États-Unis sont devenus les principaux fournisseurs en énergie de l’Europe : en 2024, ils ont représenté 16,1 % des importations de pétrole, 45,3 % de celles de GNL, et 32,3 % des importations de charbon (juste derrière l’Australie). En tout, cela représente 64,8 milliards d’euros, soit plus de 17 % du total des importations énergétiques européennes.

Une hausse des achats est-elle encore possible ?

L’Union européenne vise déjà une sortie complète du gaz russe d’ici 2027. Substituer le GNL russe restant par du GNL américain semble donc logique.

Ursula von der Leyen avait d’ailleurs évoqué, avant l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche, la possibilité de remplacer le gaz russe par du GNL américain.

Mais plusieurs freins subsistent.

Des freins structurels, économiques et stratégiques

Déjà, certains contrats européens sont encore en cours avec des producteurs russes.

Ensuite, le GNL américain est plus coûteux que celui de Russie, lui-même plus onéreux que le gaz livré par gazoduc depuis la Norvège ou l’Algérie.

Les capacités d’exportation américaines, elles, sont contraintes : plusieurs projets d’infrastructure sont en développement, mais leur mise en service n’est pas attendue avant 2027 ou 2028.

Sur le plan pétrolier, même si des marges existent, la tendance européenne est à la baisse de la consommation, dans le cadre des engagements climatiques. Augmenter les achats aux États-Unis supposerait aussi de réduire ceux venant d’autres fournisseurs comme la Norvège, le Kazakhstan ou l’Arabie saoudite.

Par ailleurs, il n’est pas garanti que les producteurs américains soient en mesure d’honorer une demande croissante : avec la baisse récente des cours du pétrole, certains envisagent déjà de ralentir leur production.

Quid des objectifs de décarbonation de l’Europe ?

Ce lundi 7 avril, le commissaire européen au commerce, Maros Sefcovic, a néanmoins évoqué la possibilité d’intégrer le GNL dans les discussions à venir avec Washington.

Selon une déclaration du ministre de l’Énergie lituanien, Zygimantas Vaiciunas, l’Union européenne pourrait envisager de coordonner les demandes de ses États membres pour l’achat de GNL américain, dans le but de peser davantage dans les négociations commerciales avec Donald Trump et d’éviter une nouvelle escalade protectionniste.

Cette approche s’inscrirait dans la continuité du programme commun d’achats de gaz lancé par Bruxelles en 2023, destiné à renforcer le pouvoir de négociation des États membres.

Des ajustements réglementaires envisagés

Autre piste évoquée : une révision des règles européennes sur les émissions de méthane. Certaines entreprises américaines se disent actuellement dans l’incapacité de respecter ces normes, en raison notamment de la fragmentation de leur chaîne de production.

« Il existe des exigences supplémentaires pour l’accès du GNL américain au marché européen. Ce sont des éléments qui pourraient être ajustés », a précisé Zygimantas Vaiciunas, en faisant référence à la nouvelle législation européenne sur le méthane.

Depuis 2024, l’UE impose en effet aux importateurs de pétrole et de gaz de déclarer les émissions de méthane associées à l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement. Une contrainte jugée difficilement applicable par certains producteurs américains, qui peinent à tracer précisément les émissions depuis les sites d’extraction jusqu’au point de livraison.

Une concertation encore à venir

Le ministre lituanien a toutefois souligné qu’aucune discussion formelle n’avait encore été engagée entre la Commission européenne et les gouvernements des États membres sur les modalités concrètes d’intégration du GNL américain dans le cadre des négociations commerciales avec les États-Unis.

Charlotte Martin Responsable Communication

Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée

Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.

Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.