Aides aux entreprises : le gouvernement sonne la fin du « quoi qu’il en coûte » !
Amortisseur électricité, tarif garanti à 280 €/MWh, guichet d’aide au paiement des factures d’électricité et de gaz, boucliers tarifaires gaz et électricité…
De nombreuses mesures ont été mises en place pour éviter aux entreprises d’être touchées de plein fouet par la crise énergétique. Mesures exceptionnelles, elles s’éteignent toutes d’ici la fin de l’année.
Fin du bouclier tarifaire gaz au 30 juin 2023
Première mesure à être stoppée, le bouclier tarifaire gaz prend fin au 30 juin 2023. Lors des Assises des finances publiques, qui se sont déroulées ce lundi 19 juin, Bercy a confirmé la fin du dispositif, estimant qu’il n’est « plus nécessaire ». Pour les 6 mois de son application en 2023, il aurait coûté à l’Etat 2,3 milliards d’euros.
Le bouclier tarifaire électricité sera a priori prolongé jusqu’au 31 décembre 2024 mais il est fortement possible que ses modalités d’application soient révisées au fil des mois, Bruno Le Maire ayant évoqué dès avril une « sortie progressive ». En 2022, le plafonnement des prix du gaz et de l’électricité, ainsi que les chèques exceptionnels et aides sur le carburant ont coûté 24 milliards d’euros.
Aides aux entreprises pour leurs factures d’énergie : fin programmée au 31 décembre 2023
Bercy n’a pas repris la parole concernant l’avenir des autres aides. Il semblerait donc qu’elles s’éteignent, comme attendu, à la fin de l’année. Cela semble d’autant plus probable que Bruno Le Maire insiste depuis plusieurs semaines sur la sortie du « quoi qu’il en coûte ». Aux Assises des finances publiques, son discours allait d’ailleurs dans ce sens : l’exécutif vise 10 à 15 milliards d’euros d’économies pour l’an prochain. Après 3 années de Covid et de crise énergétique, la dette publique a atteint 111,6 % du produit intérieur brut (PIB) du pays.
Dans ce contexte, le message du ministre de l’économie et des finances est sans ambages. « Nous sortons des temps exceptionnels. Nous devons revenir à la normale en matière de dépenses publiques », a martelé le Minsitre de l’économie, rappelant que c’est une promesse faite aux électeurs et que cela engage aussi la « crédibilité » du gouvernement auprès de Bruxelles.
Bruxelles demande aux 27 de réduire progressivement les aides énergie
Fin mai, la Commission européenne a recommandé aux Etats membres de mettre un terme d’ici fin 2023 aux mesures de soutien contre la hausse des prix de l’énergie. Pour Bruxelles, cela évitera d’accroître les pressions inflationnistes à moyen terme tout en permettant d’accroitre les investissements, dans la transition énergétique notamment.
« Tous les États membres devraient éliminer progressivement les mesures de soutien à l’énergie en vigueur d’ici la fin de 2023. Si de nouvelles hausses des prix de l’énergie nécessitaient la mise en œuvre de mesures de soutien, celles-ci devraient viser à protéger les ménages et les entreprises vulnérables, être financièrement réalisables, et préserver les incitations en faveur des économies d’énergie. »
Les entreprises toujours en attente de visibilité en matière de prix de l’énergie
Si les prix ont baissé, ils restent bien plus élevés qu’avant la crise énergétique. Il faut être réaliste, l’ère des prix de l’énergie pas chère n’est plus. Peu à peu, les entreprises actent ce nouvel état de fait. Résilientes, elles sont de plus en plus nombreuses à engager des travaux de sobriété énergétique. Ce faisant, elles comprennent moins que jamais le manque de visibilité : comment investir alors que tant d’inconnues demeurent ?
Les négociations s’éternisent autour de la réforme européenne du marché de l’électricité. L’on disait la sécurité d’approvisionnement en gaz assurée : les arrêts répétés et inattendus sur plusieurs champs gaziers norvégiens ces derniers jours ont montré qu’il ne fallait pas crier victoire trop vite. L’inquiétude persiste quant à la disponibilité du parc nucléaire français. Et que dire du flou qui entoure le dispositif ARENH : son plafond sera-t-il relevé cette année ? Son prix va-t-il être changé ? Et qu’est-il prévu à la fin du dispositif en 2025 ?
Comme l’a encore rappelé l’UNIDEN lors de la 16ème édition d’Enerpress Forum « Pour s’engager dans des politiques de décarbonation, les entreprises industrielles doivent non seulement avoir accès à un prix de l’énergie compétitif mais aussi avoir une visibilité sur le prix de cette énergie ».