Les députés ont voté une relance historique du nucléaire, révélant les ambitions industrielles de l’exécutif.
François Bayrou lors des questions au gouvernement le mercredi 18 juin 2025.

À l’Assemblée nationale, les débats autour de l’avenir énergétique de la France ont pris une tournure décisive. Les députés ont voté une relance historique du nucléaire, révélant à la fois les ambitions industrielles de l’exécutif et les lignes de fracture politiques profondes.

+ 27 GW d’ici 2030

Mercredi 19 juin, les députés ont approuvé un article clé d’une proposition de loi relative à la planification énergétique, ouvrant la voie à une relance massive du nucléaire. Ce vote marque un tournant stratégique dans la politique énergétique française, en fixant comme cap une forte augmentation de la capacité nucléaire d’ici 2050.

Un amendement porté par le rapporteur Antoine Armand a permis de rétablir cette mesure phare, supprimée par erreur en commission. « Nous actons une relance d’une ambition inédite : maintien du parc existant, construction de 14 EPR, décision d’un réacteur de 4e génération », s’est réjoui l’ ex-ministre de l’Économie, auprès de l’AFP.

La proposition prévoit une hausse de 27 GW de la capacité nucléaire actuelle, fixée aujourd’hui à 63 GW. Pour y parvenir, la construction de 10 GW – l’équivalent de six réacteurs EPR2 – devra être engagée au plus tard en 2026, et 13 GW supplémentaires (huit EPR2) d’ici 2030. Le gouvernement défendait initialement un calendrier plus progressif, comme l’a expliqué le ministre de l’Industrie Marc Ferracci, souhaitant « repousser la décision sur les huit réacteurs supplémentaires à 2026 ».

Le débat a mis en lumière des clivages profonds sur l’avenir énergétique. « Les sommes colossales que vous voulez à toutes forces investir dans cette énergie du passé (…), c’est tout l’argent qu’on n’investit pas dans l’énergie du futur, c’est-à-dire les énergies renouvelables », a dénoncé la députée insoumise Anne Stambach-Terrenoir. À l’inverse, Jérôme Nury (LR) a défendu le nucléaire comme « la plus décarbonée, la plus pilotable, la plus souveraine et financièrement la plus tenable ».

Réhabilitation de Fessenheim

Par ailleurs, plusieurs amendements ont été passés au cours de la session. Le plus marquant d’entre eux : la réhabilitation de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), fermée en 2020. D’autres amendements adoptés visent notamment à augmenter la puissance du parc nucléaire existant. Néanmoins, Antoine Armand précise que « ces amendements s’inscrivent dans des articles programmatiques qui n’ont pas de portée normative directe et pourront être réexaminés au cours de la navette ».

À l’origine du texte, le sénateur LR Daniel Gremillet avait déjà obtenu une première adoption au Sénat. Le gouvernement, de son côté, entend publier le décret fixant la feuille de route énergétique du pays d’ici la fin de l’été, sans attendre la fin de la navette parlementaire, afin de pouvoir « lancer des investissements ».

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.