Avenir électrique français : quelles analyses livre RTE ?
RTE publie les principaux enseignements de son étude prospective « Futurs Energétiques 2050 ». Le gestionnaire de réseau analyse les évolutions de la consommation et compare les six scénarios de systèmes électriques qui garantissent la sécurité d’approvisionnement, pour que la France dispose d’une électricité bas-carbone en 2050.
« La France doit simultanément faire face à deux défis : d’une part produire davantage d’électricité en remplacement du pétrole et du gaz fossile et, d’autre part renouveler les moyens de production nucléaire qui vont progressivement atteindre leur limite d’exploitation d’ici 2060. » soulignent les auteurs, en amorce du document.
Une question se pose alors, fil rouge de la publication : « avec quelles technologies produire cette électricité totalement décarbonée ? Energies renouvelables et/ou nouveau nucléaire et dans quelles proportions ? »
Les 6 scénarios de RTE
L’étude « Futurs énergétiques 2050 » de RTE a vocation à documenter et analyser les options de mix électriques, leurs avantages, leurs inconvénients, leurs impacts et leurs conséquences.
« C’est essentiel pour éclairer le débat public. » explique Xavier Piechaczyk, Président du Directoire de RTE.
RTE présente ainsi six scénarios de production possibles, allant de 100 % renouvelables en 2050 à un développement « volontariste » du nucléaire avec la construction de 14 EPR (des réacteurs de nouvelle génération) ainsi que des petits réacteurs.
Ces scénarios avaient déjà été esquissés sur le plan technologique : ils intègrent cette fois-ci les dimensions économique, environnementale et sociétale des choix à faire.
Quels enseignements émergent quant aux choix à prendre ?
Atteindre la neutralité carbone implique une transformation de l’économie et des modes de vie, et une restructuration du système permettant à l’électricité de remplacer les énergies fossiles comme principale énergie du pays. Plusieurs points sont mis en exergue.
Des changements sont attendus côté consommation
- L’efficacité énergétique est un levier clé d’atteinte des objectifs climatiques
- La consommation d’énergie va baisser mais celle d’électricité va augmenter pour se substituer aux énergies fossiles
- Il faut travailler à accélérer la réindustrialisation du pays, en électrifiant les procédés. Cela augmentera certes la consommation d’électricité mais permettra de réduire l’empreinte carbone de la France
Le mix énergétique doit se transformer
- Atteindre la neutralité carbone est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables
- Se passer de nouveaux réacteurs nucléaires implique des rythmes de développement des énergies renouvelables plus rapides que ceux des pays européens les plus dynamiques
Quels impacts économiques sont à envisager ?
- « Construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent du point de vue économique, a fortiori quand cela permet de conserver un parc d’une quarantaine de GW en 2050 (nucléaire existant et nouveau nucléaire) »
- Les énergies renouvelables électriques sont devenues des solutions compétitives. « Cela est d’autant plus marqué dans le cas de grands parcs solaires et éoliens à terre et en mer.»
- Selon les scénarios, les moyens de pilotage nécessaires à la sécurité d’approvisionnement diffèrent. Cependant, de manière générale, il y a un intérêt économique à accroître le pilotage de la consommation, à développer des interconnexions et du stockage hydraulique, ainsi qu’à installer des batteries pour accompagner le solaire. « Au-delà, le besoin de construire de nouvelles centrales thermiques assises sur des stocks de gaz décarbonés (dont l’hydrogène) est important si la relance du nucléaire est minimale et il devient massif – donc coûteux – si l’on tend vers 100% renouvelables. »
- Les réseaux électriques doivent être rapidement redimensionnés pour rendre possible la transition énergétique
Des défis technologiques sont à relever
- La création d’un « système hydrogène bas-carbone » performant ne peut plus attendre. Il s’agit en effet d’un levier de décarbonation de certains secteurs difficiles à électrifier, « et une nécessité dans les scénarios à très fort développement en renouvelables pour stocker l’énergie »
- Les scénarios à très hautes parts d’énergies renouvelables, ou celui nécessitant la prolongation des réacteurs nucléaires existants au-delà de 60 ans, impliquent des paris technologiques lourds pour être au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050
- L’anticipation est de mise : « La transformation du système électrique doit intégrer dès à présent les conséquences probables du changement climatique, notamment sur les ressources en eau, les vagues de chaleur ou les régimes de vent »
Se poser les bonnes questions environnementales
- RTE le rappelle « Le développement des énergies renouvelables soulève un enjeu d’occupation de l’espace et de limitation des usages »
- « L’économie de la transition énergétique peut générer des tensions sur l’approvisionnement en ressources minérales, particulièrement pour certains métaux, qu’il sera nécessaire d’anticiper »
Quelles conclusions tire RTE ?
« Pour 2050, le système électrique de la neutralité carbone peut être atteint à un coût maîtrisable pour la France. Pour 2030 : développer les énergies renouvelables matures le plus rapidement possible et prolonger les réacteurs nucléaires existants dans une logique de maximisation de la production bas-carbone augmente les chances d’atteindre la cible du nouveau paquet européen « -55% net »