Bercy fait des économies aux dépens du climat
Un budget moins vert, mais pas de hausses d’impôts : le gouvernement français a acté jeudi par décret dix milliards d’euros d’économies supplémentaires dans le budget 2024 voté avant Noël, piochant largement dans les programmes « écologie, développement et mobilité durables ».
L’heure est à la frugalité pour le budget « écologie, développement et mobilité durable »
Justifié par une croissance moins vigoureuse attendue en 2024, le décret paru ce jour au Journal officiel « annule » dix milliards d’euros de dépenses budgétées dans des domaines allant de l’écologie à l’enseignement supérieur en passant par l’école, la justice, la défense, la cohésion des territoires et l’aide publique au développement.
Parmi les programmes « écologie, développement et mobilité durables », celui intitulé « énergie, climat et après-mines » est raboté d’un milliard d’euros, tandis que le « fonds d’accélération de la transition écologique dans les territoires » perd plus de 400 millions.
Pourtant érigé en septembre au rang de « priorité absolue », le budget alloué à la transition écologique se réduit, avec une révision en baisse d’un milliard d’euros de l’enveloppe d’aide pour mieux chauffer et mieux isoler les logements MaPrimeRénov.
Une incohérence totale pour les acteurs du bâtiment
Dès les annonces de Bercy, la Fédération française du bâtiment a pointé l’« incohérence totale » de l’exécutif sur « la seule mesure réellement positive [de la loi de finances pour 2024] : la majoration d’1,6 milliard d’euros ». La Fédération dénonce clairement « cette coupe franche, trois jours seulement après l’échange avec les ministres de la Transition écologique et du Logement, afin de relancer MaPrimeRenov’ » en la simplifiant.
« Comme pour le logement neuf, ces coups de barre laissent craindre qu’il n’y ait plus de vision au sommet de l’État. […] À quoi peuvent donc servir les 22 territoires engagés pour le logement dans un tel contexte ? » ironise ainsi la Fédération, qui fait ici référence à l’objectif de construire plus de 30 000 logements dans ces territoires d’ici 2027.
Si la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) n’est pas moins critique à l’égard du gouvernement, c’est une autre problématique en lien avec MaPrimeRenov’ qui l’inquiète. Elle juge en effet qu’avec « plusieurs centaines de millions d’euros non consommés de l’enveloppe MaPrimeRénov’ en 2023, l’urgence en 2024 n’est pas budgétaire mais la révision immédiate du [fonctionnement du] dispositif » afin de permettre de consommer le budget de l’année.
(Source © Agence France-Presse)