Bilan électrique français 2020 : que retenir ?
RTE a publié le 3 mars son « bilan électrique 2020 » de la France. Sans surprise, la pandémie a eu un impact conséquent sur le système électrique de l’Hexagone. On décrypte.
Une consommation d’électricité en repli
« Avec 460 TWh, la consommation d’électricité française est en baisse de 3,5 % par rapport à 2019 » : la pandémie a affecté de nombreux secteurs d’activité et ralenti la consommation d’électricité. Première concernée, la grande industrie qui affiche une consommation réduite de 10 % par rapport à 2019. « Certains secteurs comme la construction automobile, la sidérurgie ou les transports ferroviaires connaissant même une baisse allant jusqu’à 20-25 % en 2020. » En revanche, malgré un retour accru au télétravail et les mesures de confinement, la consommation électrique du secteur résidentiel est restée stable par rapport à 2019.
RTE souligne que cette diminution de la consommation totale d’électricité « est plus importante que celle enregistrée à la suite de la crise économique de 2008. »
Dans les détails, une chute brutale de la consommation électrique a été enregistrée à la mi-mars. « Au plus fort de la crise (deuxième et troisième semaines de confinement), les mesures de confinement ont pu entraîner un impact sur la consommation d’électricité supérieur à 15 %, toutes choses étant égales par ailleurs (consommation à conditions météorologiques équivalentes). »
La reprise partielle de l’économie en avril a peu à peu réduit l’écart et la consommation a recouvré un niveau quasi normal durant l’été. Cependant, « Vers la mi-octobre, la consommation d’électricité demeurait en retrait de 2 à 3 % par rapport à un niveau nominal. »
Dès fin octobre, le retour de mesures sanitaires strictes a entrainé une nouvelle diminution de la consommation, bien que moins marquée que celle du printemps. « Un effet baissier supplémentaire de l’ordre de un point a ainsi été observé lors de la première semaine du second confinement, portant la diminution de la consommation à environ 3-4 % par rapport à un niveau nominal. La fin du deuxième confinement voit la consommation électrique remonter légèrement, pour conclure l’année à un niveau inférieur à environ 2-3 % de la normale. » explique RTE.
Au total, de mars à décembre, l’écart de consommation comparé à la moyenne des années 2014-2019 s’élève à -4,7 %.
La grande industrie particulièrement impactée
Pour 2020, la consommation de la grande industrie directement raccordée au réseau public de transport a été de 61,9 TWh. Un volume en recul de plus de 10 % par rapport à 2019.
« L’activité productrice de la grande industrie a été très fortement affectée par la crise sanitaire, avec les mesures qui ont conduit à l’arrêt de nombreux sites de production. En outre, l’industrie a subi le contrecoup de la fermeture des canaux de distribution, de la chute de la demande de biens manufacturés, de l’absentéisme ou des difficultés logistiques induites par le confinement. Le secteur de la grande industrie voit globalement son activité chuter brutalement avec la mise en place du premier confinement à partir du 18 mars, pour atteindre un niveau de baisse d’environ 30 % en avril par rapport au niveau d’avant-crise. L’activité reprend par la suite progressivement de la vigueur sans toutefois retrouver son niveau nominal. » analyse RTE.
Cette baisse d’activité, particulièrement marquée dans la construction automobile, dans la sidérurgie et le transport ferroviaire, s’est naturellement traduite par une baisse de la consommation électrique des sites industriels. Les secteurs de la construction automobile, de la sidérurgie ou des transports ferroviaires ont ainsi vu leur consommation baisser de 20 à 25 % en 2020. Ces baisses de consommation ont été plus ou moins importantes selon les régions, en fonction de l’implantation des sites industriels sur le territoire. Ainsi, la baisse est comprise « entre 5,6 % (en Pays de la Loire où la baisse s’élève à 0,1 TWh) et 14,6 % (en Occitanie, avec une baisse de 0,3 TWh). »« En Auvergne-Rhône-Alpes, la baisse de consommation dépasse 1,5 TWh. »
Une production au plus bas depuis 20 ans, les EnR en augmentation
La production totale d’électricité en France s’établit en effet à 500,1 TWh sur l’année 2020, soit une baisse de 7 % (37,4 TWh) par rapport à 2019 : le plus bas niveau de production de puis 20 ans.
RTE souligne que la part des EnR est en forte augmentation, représentant « 23,4 % de l’énergie électrique totale » et s’établissant à 120,7 TWh. La production hydraulique augmente de 8,4 %, favorisée par un stock élevé dès le début de l’année, la production éolienne de 17,3 % et la production solaire de 2,3 %. L’éolien est ainsi devenu la 3ème source de production d’électricité. : « Avec une production de 39,7 TWh, soit 7,9 % de la production française, la production d’origine éolienne dépasse celle des centrales à gaz et devient la troisième source de production d’électricité en France. » Pour la 2ème fois depuis 2014, le volume annuel de production éolienne a dépassé celle des centrales au gaz.
Le taux de couverture de la consommation par la production renouvelable est également en augmentation, évoluant de 23 % à 26,9 % en 2020 : l’hydraulique contribue à hauteur de 50,3 %, l’éolien 32,8 %, le solaire 10,6 % et les bioénergies 6,3 %.
Une production nucléaire chahutée
Première depuis 2009 : en 2020, la capacité de production nucléaire a diminué, passant de 63,1 GW à 61,4 GW, suite à la fermeture définitive des deux derniers réacteurs de 900 MW de la centrale nucléaire de Fessenheim. « Suite à cette fermeture, le parc nucléaire représente 45,1 % de la capacité totale française. » souligne RTE.
En parallèle, la production nucléaire sur l’année a marqué une baisse radicale de 11,6 % (44 TWh) par rapport à 2019 et se situe à son niveau le plus bas depuis 1993. Elle représente 67,1 % de la production totale d’électricité en France. Une baisse de la production d’origine nucléaire qui, outre la fermeture de Fessenheim, s’explique par une moins bonne disponibilité des centrales et par la crise sanitaire. Selon RTE, pas moins de 34 TWh de ce déficit de production sont directement à imputer à la crise COVID.
Une électricité toujours plus décarbonée
Une spécificité de la production d’électricité en France est son caractère très largement bas-carbone : en 2020, plus de 93 % de l’électricité produite sur le territoire n’était pas émettrice de CO2. Malgré une baisse du nucléaire, la pénétration de l’énergie décarbonée dans le mix a progressé, la diminution du nucléaire ayant partiellement été compensée par les productions d’origine hydraulique, éolienne et solaire. Par ailleurs, la diminution des émissions de CO2 s‘explique par la baisse de la production à partir des moyens les plus polluants tels quel le charbon et le gaz, production en retrait de 11% par rapport à l’année dernière : une conséquence directe du ralentissement de l’activité économique. Pour rappel, en France, les secteurs les plus émetteurs de CO2 sont le transport et les industries manufacturières.
La France maintient sa place de pays le plus exportateur d’électricité en Europe
Malgré un solde des échanges commerciaux en recul par rapport à 2019 (-7 % d’export), la France reste exportatrice sur l’ensemble de ses frontières et demeure le pays le plus exportateur d’électricité en Europe. Le solde positif des échanges s’établit à 43,2 TWh. « Le solde français des échanges s’établit à 43,2 TWh en 2020. Il est en recul d’environ 13 TWh par rapport à 2019. Les volumes commerciaux d’export diminuent nettement avec 77,8 TWh (-7 %), tandis que les volumes d’import progressent et atteignent 34,6 TWh (+22 %). Cette situation particulière s’explique par l’impact de la crise sanitaire sur la capacité de production française (notamment nucléaire) et par la moindre demande d’électricité en Europe. » détaille RTE.