Biogaz : TotalEnergies, Cristal Union et… des betteraves
TotalEnergies mettra en service un méthaniseur alimenté en pulpe de betteraves d’ici fin 2024, en Normandie. Le sucrier Cristal Union prend une participation de 10%.
La betterave : la moitié des intrants
TotalEnergies et Cristal Union (2e sucrier français) ont signé un partenariat dans le biométhane. Cristal Union a investi à hauteur de 10% dans BioNorrois, le méthaniseur de TotalEnergies qui entrera en fonction en fin d’année à Fontaine-Le-Dun, en Seine-Maritime.
Quel intérêt pour Cristal Union ? Le sucrier fournira sa pulpe de betterave qui représentera 50% des intrants du méthaniseur (185 000 tonnes / an au total). La betterave est déshydratée et part plutôt vers l’Espagne ou l’Italie. En aval, Cristal Union pourra récupérer le digestat (la matière qui n’a pas été transformée par la méthanisation et qui sert d’engrais) pour ses coopérateurs et aura un droit de priorité sur une partie du biométhane produit. « C’est un gain pour la coopérative en termes de rentabilité et de résilience, avec une visibilité de long terme sur la rémunération de la pulpe de betterave. Le digestat est ensuite vendu à prix coûtant, ce qui permet donc aux coopérateurs une économie de 30 à 40 % par rapport aux engrais chimiques importés. Cristal Union touchera une part des revenus sur les produits de la méthanisation à hauteur de son investissement », explique Olivier Guerrini, directeur biogaz de TotalEnergies.
Une concurrence étrangère féroce
TotalEnergies qui a pour objectif d’atteindre les 20 TWh de capacité installée d’ici 2030, avec un objectif intermédiaire de 2 TWh en 2025, se rapproche de son but avec BioNorrois qui devrait l’amener à 1,3 TWh de capacité. « D’autres unités arrivent en Espagne, en Pologne, aux Etats-Unis. Les projets en développement vont nous permettre d’atteindre nos objectifs. Reste à savoir sur quels pays nous mettrons plus l’accent. Cela dépendra surtout de l’évolution de la demande et de la place accordée au biogaz dans les plans de transition énergétique des différents pays. », confie Olivier Guerrini.
Quelles réelles perspectives pour le biométhane en France ? Pour l’heure, difficile d’imaginer le biométhane français être en mesure de rivaliser avec ses voisins. Les coûts de production sont deux fois plus élevés qu’en Europe de l’Est. Quant au prix final, il est 20% à 30% plus cher que dans des pays comme l’Espagne, le Danemark, la Pologne. « La demande de nos clients est énorme, mais le prix du biométhane produit en France reste un problème. Certains ne sont pas prêts pour l’instant à payer le surcoût de ce gaz renouvelable local. », explique le directeur biogaz de l’énergéticien.
Cristal Union, lui, cherche part ce projet, à réduire ses émissions de carbone, un objectif important pour l’entreprise. Le sucrier vise les 35% de réduction d’ici 2030 par rapport à 2015.