
Avec la montée des températures estivales, la production nucléaire française montre des signes de faiblesse. EDF tire la sonnette d’alarme sur de potentielles baisses de production liées au réchauffement des cours d’eau, essentiels au refroidissement de ses réacteurs.
Alertes pour la centrale de Saint-Alban et le site de Golfech
Le groupe électricien EDF a émis, mardi 24 juin, une nouvelle alerte concernant d’éventuelles restrictions de production dans ses centrales nucléaires à partir du mercredi 2 juillet. Cette annonce concerne notamment la centrale de Golfech, située dans le Tarn-et-Garonne, en raison de la hausse attendue de la température de la Garonne. « En raison des prévisions de températures élevées de la Garonne, des restrictions de production sont susceptibles d’affecter le parc de production nucléaire d’EDF à partir du mardi 2 juillet, et plus particulièrement le site de Golfech », a précisé EDF dans un message d’information.
L’électricien ajoute que « la vision prévisionnelle sera notamment affinée en J-1, et si les limitations se confirment, elles donneront lieu à une publication spécifique ». Ce message fait suite à une première alerte émise dès lundi, ciblant cette fois la centrale de Saint-Alban (Isère), impactée par l’échauffement des eaux du Rhône.
Ces situations trouvent leur origine dans le principe de fonctionnement des centrales : celles-ci prélèvent l’eau des rivières avoisinantes pour refroidir leurs installations, avant de la rejeter. Des seuils de température et de débit, fixés pour chaque site, encadrent ces rejets afin de préserver la biodiversité aquatique.
Des pertes modestes : 0,3% de la production en moyenne depuis 2000
Depuis plusieurs années, la fréquence et l’intensité des épisodes de chaleur obligent EDF à adapter sa production dès les premiers mois d’été. « Les sécheresses et canicules conduisent EDF, parfois dès le mois de juin, à ajuster sa production pour respecter ces limites de rejets thermiques », rappelle un rapport de la Cour des comptes de 2023 consacré à l’adaptation du parc nucléaire au changement climatique.
Bien que ces ajustements entraînent en moyenne une perte modeste — environ 0,3 % de la production annuelle depuis 2000 selon EDF — leur impact peut être plus marqué lors d’épisodes extrêmes. Ainsi, durant la canicule de 2003, « les pertes de production avaient atteint 1,43 % de la production nucléaire annuelle d’EDF. Les indisponibilités simultanées avaient atteint plus de 6 GW, soit près de 10 % de la capacité nucléaire installée », selon ce même rapport.
Cette tendance met en lumière une vulnérabilité structurelle du parc nucléaire français, dont la dépendance à l’eau pour le refroidissement pourrait devenir un facteur limitant majeur dans un climat de plus en plus instable.
Source : AFP
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.