Les composites : locomotives de la décarbonation de l’industrie
A quoi servent les composites dans l’industrie ? Ils sont des solutions aux problématiques d’électrification, d’électronique embarquée et de gestion de l’énergie dans des grands marchés comme la construction, la mobilité ou encore la défense. « Nos matériaux contribuent fortement à la décarbonation. Ils sont notamment très légers et permettent, en particulier dans les transports, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, en phase d’exploitation », analyse Fabrice Maimbourg, dirigeant du groupe GDP, qui fournit les secteurs de l’énergie, des transports et des bâtiments en profilés industriels composites.
L’intégration de matériaux biosourcés diminue les impacts en matières premières des entreprises dans l’industrie et permet la récupération et la recyclabilité dans le secteur.
En plus des matières premières, l’industrie travaille à l’optimisation des processus de fabrication « du manuel sur la petite série à haute valeur ajoutée, jusqu’à des procédés automatisés et robotisés pour la plus grande série », précise Bénédicte Durand, présidente du groupe Althéora, estampillé French Fab, un des leaders européens de la transformation de matériaux composites et polymères, membre du bureau de Polyvia, l’Union des transformateurs de polymères.
La force de l’écoconception
La technicité des composites nécessite à la fois une expertise, un savoir-faire et un coût d’acquisition généralement élevé pour les industriels « Nous proposons des produits Premium, avec un grand nombre de fonctions qui peuvent être ajoutées, clé en main, aux composites pour mieux anticiper l’usage et la durée de vie des produits. Quand on parle d’écoconception, c’est de cela aussi qu’on parle », estime la dirigeante. Didier Muller, expert-composites pour le groupe Clayens, partage cette vision : « Design et fonctionnalisation, les composites permettent d’avoir plusieurs fonctions en une et de profiler des pièces mieux adaptées ».
Par ailleurs, l’entretien et la maintenance, avec en particulier la possibilité d’intégrer de petits capteurs imprimés pour un suivi optimal et continu « On peut ainsi imaginer un petit circuit imprimé, de quelques milligrammes, directement intégré à une pièce. Ce qui permettra de suivre ce qu’il se passe en vol sur un avion, ou sur une éolienne (…) Nous en sommes encore au stade de la R&D. Toutefois, j’ai bon espoir que cela se généralise d’ici à 2030 », confie Didier Muller.
Eurocodes dans la construction
Une harmonisation des méthodes est en vue d’ici deux ans, dans la construction, à l’échelle de l’Union européenne. La mise en place d’eurocodes permettra d’avoir les mêmes process de conception et de calcul dans le bâtiment et le génie civil, quels que soient les ouvrages et les matériaux. On pourra imaginer à court terme, « la possibilité d’intégrer des matériaux composites en remplacement des fers à béton », selon l’expert de Clayens.
Du côté de l’European Composites Industry Association (EuCIA) qui regroupe environ 70 % des industriels des composites en Europe, « nous travaillons aussi sur la grande question du recyclage des pales éoliennes, notamment en les utilisant dans le ciment par coprocessing, afin qu’en 2030, plus aucune éolienne ne soit enfouie en fin de vie », conclut Didier Muller.
Source : Les Echos