COP 28 : engagements forts sur la décarbonation
La COP 28 qui se déroule à Dubaï, capitale des Emirats Arabes Unis, depuis le 30 novembre, tient ses premiers engagements forts alors même que la conférence ne se clôture que le 12 décembre. Tour d’horizon.
Tripler les capacités d’énergies renouvelables pour 2030
116 pays parmi lesquels les Etats-Unis, le Canada, l’Union européenne et le Japon se sont engagés à multiplier par trois les capacités d’énergies renouvelables mondiales d’ici 2030. L’ambition est d’atteindre une capacité mondiale de production via les énergies renouvelables de 11 000 GW contre 3 400 GW, aujourd’hui. L’agence Internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) précise que les capacités mondiales d’EnR sont dominées par l’hydraulique (37%) et le solaire (31%).
Ces mêmes pays ont également pour objectif de doubler le rythme annuel de progression de l’efficacité énergétique de 2% à 4% jusqu’en 2030.
A noter que la Chine, la Russie et l’Inde sont parmi les pays n’ayant pas suivi les deux engagements.
Macron : Trois fois plus de nucléaire et fin du charbon
Une vingtaine de pays, à la tête desquels les États-Unis et la France, appellent à multiplier par trois les capacités nucléaires mondiales d’ici 2050. L’annonce a été faite par John Kerry, émissaire américain pour le climat, en compagnie de plusieurs dirigeants dont Emmanuel Macron.
Le président français a exhorté les membres du G7 à « s’engager à mettre fin au charbon » pour montrer l’exemple. « Les pays du G7 doivent montrer l’exemple et s’engager à mettre fin au charbon chez eux avant les autres, c’est-à-dire avant 2030 », à précisé Emmanuel Macron en rappelant que la France a pour objectif une sortie définitive du charbon « d’ici 2027 ». Une pique voilée à l’Allemagne qui a arrêté en avril dernier ses trois derniers réacteurs nucléaires et a augmenté la part de charbon dans son mix énergétique pour palier la baisse des importations de gaz russe.
Le président Macron a également montré la Chine du doigt et a encouragé les émergeants à entamer leur transition énergétique. « Le G7 a une responsabilité majeure. Tout comme la Chine qui est désormais le deuxième pays émetteur historique et qui a donc changé en quelque sorte de statut. (…) On doit permettre aux émergents le rattrapage économique, c’est un élément de justice. Mais ce rattrapage ne doit pas se faire sur la base des énergies qui sont carbonées et en particulier du charbon ».
Plus que de belles paroles ?
Les initiatives exposées jusqu’à présent, lors de la COP 28, sont un bon signal selon Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne : « On envoie un message très fort en direction des investisseurs et des marchés financiers. (…) Il y a des arguments très convaincants en faveur des énergies renouvelables, parce qu’une fois installées, elles peuvent produire une énergie propre et locale. Cela vous rend indépendant et elles sont moins chères que les énergies fossiles ».
Pourtant, un détail -qui n’en est pas un- tend à nuancer cet optimisme : ces engagements n’ont aucune valeur contraignante. Ce paramètre pousse déjà certaines associations de défense de l’environnement à voir ces annonces comme des « écrans de fumée ». Il est vrai que le symbole est fort : la COP 28 est organisée aux Emirats Arabes Unis du Sultan Al Jaber, patron de la compagnie pétrolière Adnoc. En amont de la conférence, lors d’un entretien pour The Guardian, l’hôte de l’événement a tenu à faire connaitre sa position. Il a estimé que la sortie des énergies fossiles n’était pas indispensable pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, bien qu’il reconnaissait que cette sortie était inévitable, sur le long terme.
Contactée par Opera Energie, l’économiste spécialiste de l’énergie, Claire Emilie Bordenave, estime que : « Les COP sont comme des réunions de copropriétés où chacun arrive avec ses propositions du fait des situations divergentes. Puis, chacun rentre chez soi, personne n’est tenu de respecter ses engagements. Il n’y a pas de sanctions internationales ».