
Trois ans après avoir traversé une crise historique liée à des phénomènes de corrosion sous contrainte, EDF est de nouveau confronté à une alerte sur son parc nucléaire. Deux « indications » de corrosion ont été détectées sur des tuyauteries du réacteur n°2 de la centrale de Civaux (Vienne), actuellement à l’arrêt pour maintenance.
Une anomalie sur des pièces pourtant remplacées
L’alerte, révélée mardi 10 juin en fin de journée par La Tribune, concerne des tronçons de tuyauteries, notamment des coudes, qui avaient déjà été remplacés dans le cadre des campagnes de réparation menées entre 2022 et 2024. Cette anomalie, encore à confirmer, pourrait signaler un « amorçage » de corrosion sous contrainte, phénomène redouté car il se manifeste par de microscopiques fissures dans le métal, affectant des composants essentiels au refroidissement du cœur du réacteur.
Une expertise est actuellement en cours, a indiqué EDF, sans disposer à ce stade de résultats complets. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASNR) confirme que deux indication ont été relevées, nécessitant une analyse approfondie pour déterminer s’il s’agit bien d’une rechute du phénomène de corrosion sous contrainte (CSC).
Une crise que l’électricien espérait derrière lui
Détectée pour la première fois à Civaux en 2021 sur le réacteur n°1, la corrosion sous contrainte avait contraint EDF à arrêter en cascade plusieurs réacteurs, réduisant de moitié la disponibilité de son parc nucléaire et provoquant une envolée des prix de l’électricité en Europe. L’année 2022 s’était conclue sur une production historiquement basse (279 TWh) et une perte nette de près de 18 milliards d’euros pour l’énergéticien.
Un plan de contrôle et de remplacement ciblé avait alors été lancé sur les 16 réacteurs les plus exposés, dont Civaux. Ce programme, finalisé au premier trimestre 2024, devait permettre de tourner la page. Mais cette nouvelle détection sur des tuyauteries déjà changées remet en question l’efficacité des réparations, d’autant qu’elles ont parfois été réalisées « à l’identique », comme l’avait souligné l’ex-président de l’ASN, Bernard Doroszczuk.
Un enjeu stratégique pour le nouveau PDG
La nouvelle intervient alors que Bernard Fontana, récemment nommé à la tête d’EDF, s’est vu confier la mission de redresser durablement la production nucléaire du pays. Avec une remontée significative à 362 TWh en 2024, le groupe vise les 400 TWh à l’horizon 2030. Mais cette ambition pourrait être contrariée si d’autres réacteurs devaient connaître des arrêts prolongés pour inspection ou réparation.
Mardi matin, le nouveau dirigeant était à Massy (Essonne) pour signer le contrat stratégique 2025-2028 de la filière nucléaire, aux côtés des ministres Éric Lombard et Marc Ferracci. Dans le viseur : la relance du programme nucléaire avec au moins six nouveaux EPR.
Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée
Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.
Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.