Crise énergie : les TPE françaises bien protégées, selon Rexecode
Face à la hausse des prix de l’électricité et du gaz depuis 2021, les Etats européens ont décidé des mesures d’atténuation pour les entreprises. L’Institut d’études économiques Rexecode a passé au crible les dispositifs en vigueur début 2023 pour la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.
Une hausse des prix à retardement
Malgré ces soutiens publics, les entreprises des quatre pays feront face en 2023 à des prix de l’électricité et du gaz nettement plus élevés qu’en 2019, contrairement à leurs concurrentes extraeuropéennes, notamment américaines, alerte l’Institut. Les entreprises se fournissent en effet majoritairement dans le cadre de contrats d’approvisionnement dont les modalités (prix, durée) diffèrent. « Ainsi en moyenne en France, le prix de l’électricité facturé aux clients professionnels augmenterait de 84% en 2023 après 21% en 2022 (avant dispositifs d’atténuation) selon les fournisseurs d’électricité interrogés par l’Insee. »
Cette situation plaide pour une réforme des marchés énergétiques européens favorable à la compétitivité des entreprises, interpelle Rexecode.
Des dispositifs qui diffèrent fortement dans leurs modalités d’accès.
Rexecode a simulé, en se plaçant dans la perspective des entreprises, les effets des dispositifs publics sur les prix qu’elles doivent payer.
Ces dispositifs diffèrent fortement dans leur composition même s’ils comportent tous des baisses de fiscalité de l’énergie, des subventions (plafonds de prix en Allemagne et crédits d’impôt en Italie) et des aides à la trésorerie. Certains sont automatiques (Arenh en France, mécanisme espagnol pour l’électricité, plafonds en Allemagne, baisses de fiscalité) alors que d’autres doivent être demandés a posteriori par les entreprises qui ont alors du mal à apprécier l’effet sur les coûts en cours de production.
De même, les dispositifs allemand et français sont connus pour l’ensemble de l’année 2023 alors que le dispositif italien est reconduit trimestriellement et que le mécanisme ibérique doit s’arrêter en mai 2023, ce qui nuit à la visibilité des entreprises.
Les TPE et les électro-intensifs français bénéficient de prix de l’électricité plus bas
Il ressort de cette comparaison que le dispositif français atténue davantage le choc de prix de l’électricité pour les TPE et les électro-intensifs, mais l’Allemagne l’atténue davantage pour les autres entreprises.
« Le dispositif français atténue plus fortement le choc de prix pour les TPE qui bénéficient du tarif réglementé et pour les ETI et GE électro-intensives qui bénéficient indirectement de l’Arenh (pour 65 % de leur fourniture). »
« La France s’appuie pour l’électricité sur l’Arenh, amené à disparaître en 2025 et qui représente un coût élevé pour EDF. » note Rexecode.
Les entreprises françaises peu protégées face à la hausse des prix du gaz
S’agissant des prix du gaz, les entreprises françaises et espagnoles (hors TPE) bénéficient d’un soutien moins marqué qu’en Allemagne et en Italie. Avec les prix du gaz de janvier 2023 à 70 €/MWh, soit une hausse de 400 % par rapport à fin 2019, le dispositif italien atténuerait la hausse subie par les PME et les ETI (+220 %), alors que les TPE seraient très protégées en Espagne (+33 %, avec le tarif réglementé) et en Italie (+77 % avec la baisse de la redevance de réseau). Les entreprises françaises, allemandes et espagnoles (hors TPE) supporteraient en revanche quasiment l’intégralité de la hausse de prix du gaz.