Dans un rapport l'AIE prévient : les gisements de pétrole et de gaz déclinent vite, ce qui pourrait affecter la transition énergétique.
Champ gazier Malampaya, à 65 Km au large des Philippines.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) tire la sonnette d’alarme : les gisements de pétrole et de gaz déclinent plus vite qu’il y a dix ans. Pour maintenir la production mondiale et sécuriser l’approvisionnement, il faudrait investir près de 540 milliards de dollars par an. Mais ce constat relance aussi le débat sur l’avenir des énergies fossiles et leur place dans la transition énergétique.

Un déclin naturel aux conséquences stratégiques

L’AIE a publié le 16 septembre un rapport sur le déclin naturel des hydrocarbures dans lequel elle constate que les gisements s’amenuisent désormais à un rythme soutenu, en raison notamment de la part croissante du schiste américain et de l’offshore profond. Les gisements conventionnels, qui représentaient 97 % de la production mondiale en 2000, ne pèsent plus que 77 %.

Selon le rapport, un site pétrolier perd en moyenne 5,6 % de rendement par an après son pic, contre 6,8 % pour un site gazier, avec de fortes disparités : de 1,8 % au Moyen-Orient à près de 10 % en Europe. « Il y a un risque de concentration dans les pays où les coûts sont les plus bas », note l’AIE, pointant la dépendance accrue aux réserves du Moyen-Orient et de la Russie.

Sans investissements, la production mondiale chuterait de 5,5 millions de barils par jour chaque année, soit l’équivalent de la production combinée du Brésil et de la Norvège.

-10 % Soit la variation annuelle moyenne d’un site gazier européen, après son pic.

540 milliards pour stabiliser la production

Pour stabiliser la production, il faudrait investir environ 540 milliards de dollars par an, un niveau proche des 570 milliards prévus cette année. Mais, comme le souligne Tim Gould, chef économiste de l’AIE, « 90 % des investissements actuels servent simplement à maintenir la production, seuls 10 % répondent à la hausse de la demande ».

Cette exigence financière illustre le dilemme : continuer d’investir massivement dans les hydrocarbures pour éviter les pénuries, ou accélérer la sortie des énergies fossiles au nom des objectifs climatiques. L’AIE elle-même nuance son discours : alors qu’elle plaidait récemment pour la fin de tout nouvel investissement, elle admet désormais que l’accélération du déclin naturel complique le scénario « zéro émission nette » d’ici 2050.

La demande reste en effet soutenue : 104 millions de barils par jour sont attendus cette année, contre seulement 55 millions projetés par l’AIE pour 2035 dans son scénario compatible avec la neutralité carbone.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.