Le déficit commercial français juste sous les 100 milliards, sauvé par la facture énergétique
Avec 99,6 milliards d’euros en 2023, la France échappe de justesse au seuil des 100 milliards de déficit commercial , sauvée par le recul des prix de l’énergie importée.
Elle limite ainsi la casse après une année 2022 record avec 162,7 milliards de déficit commercial
Un déficit commercial en recul mais historiquement élevé
Il s’agit du deuxième plus gros déficit commercial de l’histoire derrière celui abyssal enregistré en 2022 à 164 milliards d’euros. Depuis 2002, la France n’a pas dégagé d’excédent commercial.
« C’est grâce à la baisse de la facture énergétique, mais aussi à la relance des exportations ! », s’est réjoui mercredi sur X l’ancien ministre délégué au Commerce extérieur Olivier Becht – ce poste est pour le moment vacant en raison du remaniement en cours – saluant une « bonne nouvelle pour la France« .
La hausse des prix de l’énergie importée avait expliqué en grande partie l’explosion du déficit commercial l’année précédente sur fond de guerre en Ukraine, mais en 2023 le coût des approvisionnements énergétiques de la France a chuté d’un tiers, montrent les statistiques des Douanes.
« Cette diminution s’explique essentiellement par les prix », ont-elles écrit dans leurs statistiques annuelles, largement revenus à la normale après un emballement en 2022.
Une moindre importation de pétrole, de gaz, et d’électricité
Tant pour les hydrocarbures (-29% à 65 milliards d’euros), pétrole, gaz et gaz naturel liquéfié, que pour l’électricité (-63% à 9 milliards d’euros) qui a vu le parc nucléaire français revenir à une capacité plus grande de production, la baisse des importations a été généralisée.
En parallèle, les importations de biens manufacturés se sont aussi inscrites en légère baisse, notamment dans la chimie et la métallurgie, sur fond de baisse des prix de l’énergie, ces produits présentant une forte intensité énergétique.
Dans leur ensemble, les importations françaises ont représenté 731 milliards d’euros l’an dernier, ce qui représente un recul de 7,1% sur une année.
Le déficit commercial de la France cette année représente « 41 milliards d’euros de plus qu’en 2019, c’est considérable et on ne sait pas trop si on sera capables de le résorber« , a commenté auprès de l’AFP Olivier Redoulès, directeur des études pour l’institut Rexecode, mettant en avant la dégradation économique et « la déferlante chinoise en automobile« .
Les importations d’automobiles ont augmenté de 16,7% l’an dernier à 80 milliards d’euros, montrent les Douanes, du fait de tensions moins grandes sur les approvisionnements et d’une demande en hausse de véhicules électriques, en particulier venant de Chine.
Le déficit commercial « restera aussi probablement important en 2024″, a concédé auprès de l’AFP Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France, une organisation qui accompagne les entreprises françaises dans leurs projets à l’international.
Dans son Projet de loi de Finances pour 2024, le gouvernement prévoit un déficit commercial de 95 milliards d’euros cette année, après avoir anticipé 105 milliards d’euros pour 2023.
Une légère hausse des exportations, tirées par l’aéronautique et l’automobile
« Les retournements de balances commerciales nécessitent d’énormes investissements de capacités de production chez soi et une projection à l’international plus massive« , a poursuivi M. Saint-Martin, mettant en avant les initiatives françaises en matière de réindustrialisation et d’incitations à s’implanter à l’étranger de la part du gouvernement, qui pourraient porter leurs fruits dans un horizon de dix ans, selon lui.
Pour l’heure, les exportations françaises ont augmenté de 1,5% en 2023 par rapport à 2022, contribuant plus modestement à l’amélioration de la balance commerciale française.
Parmi les secteurs les plus dynamiques, l’aéronautique et l’automobile ont vu leurs exportations augmenter de plus de 16% sur un an, les ventes de machines ont progressé de 9%, le textile, les équipements électriques et les parfums ont affiché une forte progression aussi.
Les produits agroalimentaires continuent de représenter une part importante des exportations françaises avec 62,7 milliards d’euros l’an dernier (+2,2% sur un an), tout comme la chimie, la métallurgie et la pharmacie.
Les parfums, produits de beauté et les sacs à main ont de leur côté affiché des excédents historiques.
Le déficit des transactions courantes (un indicateur qui englobe à la fois les échanges de biens, de services et de revenus) est pour sa part passé à 34,6 milliards d’euros en 2023 après un déficit de 54 milliards en 2022, a précise la Banque de France mercredi.
(Source © Agence France-Presse)