La hausse de la facture d’électricité aggravée par le rationnement de l’électricité nucléaire
Explications sur ce dernier phénomène – représentant 40% de la hausse attendue de la facture des ménages – résultat d’une réglementation typiquement française, qui aurait pu être évité.
La Commission de Régulation de l’Énergie a publié les commandes des fournisseurs alternatifs d’électricité nucléaire pour 2019 et met fin à un suspens de plusieurs semaines : 132,93 TWh d’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) ont été demandés à EDF… le problème étant que seulement 100 TWh sont disponibles ! Une distorsion offre/demande qui aura des répercussions bien au-delà du seul cercle des professionnels de l’énergie.
Pour la première fois depuis la mise en place du dispositif en 2011, les fournisseurs alternatifs recevront moins d’ARENH qu’ils n’en ont demandé, cette électricité nucléaire dont le prix de 42 €/MWh est fixé par les pouvoirs publics.
Compte tenu des résultats, ils n’ont aujourd’hui d’autre choix que de solder leur demande de MWh sur le marché de gros dont le cours actuel est environ 50 % supérieur au prix de l’ARENH. A titre d’exemple, le marché a clôturé le 29 novembre à 57 €/MWh.
Itinéraire d’une inflation des prix annoncée
Les conséquences sur la facture des consommateurs vont être immédiates, y compris pour les contrats aux Tarifs Réglementés de vente, qui alimentent environ 30 millions de foyers français. En effet, le niveau de ces Tarifs doit suivre, en application du code de l’énergie, le prix que pourrait proposer un fournisseur alternatif. Ainsi, d’après les analyses d’Opéra Energie, le seul rationnement de l’ARENH ferait évoluer le prix des clients historiques d’EDF, à hauteur de presque 500 m€ !
François de Rugy a d’ailleurs annoncé, lors du colloque de l’Union Française de l’Électricité qui se tenait le 29 novembre, être prêt à « assumer une évolution responsable des prix de l’électricité ». Au total, ménages et entreprises devraient payer en 2019 un surcoût de 1,5 Md€ du fait de cette restriction de l’électricité nucléaire.
Or ce manque d’ARENH était des plus prévisibles !
L’augmentation des demandes ARENH était en effet attendue, au regard du nombre croissant de fournisseurs qui tous cherchent à se sourcer en ARENH afin de faire profiter leurs clients de tarifs plus avantageux.
Pourquoi, dès lors, avoir laissé le plafond être dépassé ? Nombre d’acteurs du secteur ont tiré la sonnette d’alarme ces dernières semaines. Pour autant, les pouvoirs publics ont choisi de temporiser, comme le rappelle la dernière délibération de la CRE à ce sujet le 25 octobre dernier.