Electricité : une production 2022 historiquement basse
RTE a publié, ce 16 février, le bilan électrique national de l’année 2022. Une année que le gestionnaire rappelle avoir été marquée par « une crise énergétique inédite depuis les chocs pétroliers des années 1970 ».
Dans ce contexte, RTE se félicite que la sécurité d’approvisionnement en électricité française ait été garantie et que les effets de la crise n’aient pas non plus ralenti le développement des énergies renouvelables.
Une production d’électricité à son plus bas niveau depuis 1992
Avec 445,2 TWh en 2022, la production totale en France recule de 15% par rapport à 2021. En cause, la faible production nucléaire et hydraulique.
Cependant, malgré les tensions européennes sur le gaz et un potentiel de production très dégradé pour le nucléaire et l’hydraulique, la sécurité d’approvisionnement a été garantie, grâce à une consommation nationale en baisse sensible à partir de l’automne et une inversion des échanges d’électricité. Pour rappel, en 2022 la France a été importatrice nette d’électricité pour la première fois depuis 1980 (bilan net de 16,5 TWh en import).
Une production nucléaire historiquement basse
Avec 279 TWh produits (soit 63% de la production totale en France), la production nucléaire 2022 affiche un recul de 30% par rapport à la moyenne de ces vingt dernières années. Ce niveau n’avait plus été atteint depuis 1988 !
La disponibilité du parc nucléaire français s’est en effet située à un niveau historiquement faible, tout au long de l’année 2022, s’établissant à 54 % contre 73 % en moyenne entre 2015 et 2019. L’écart avec les années précédentes a été particulièrement marqué au cours de l’été : la production nucléaire a notamment chuté à un un minimum historique de 21,7 GW le 28 août 2022 avec près de 65 % du parc nucléaire à l’arrêt.
L’été 2022 a vu se concentrer de nombreuses indisponibilités non programmées, en raison d’un problème de corrosion, qui se sont ajoutées à un planning d’opérations initialement chargé et davantage densifié du fait des décalages induits par la gestion de la crise sanitaire. « La concentration des différents arrêts durant l’été a néanmoins permis de maximiser la disponibilité lors de la période hivernale. » analyse cependant RTE.
« En fin d’année, la réduction des incertitudes sur les redémarrages des réacteurs nucléaires, combinée à la baisse significative de la consommation nationale confirmée dès l’automne, ainsi qu’au fonctionnement des échanges avec les pays voisins conforme aux règles européennes, ont contribué à alléger le niveau de tension sur le système électrique. » rappelle RTE. Néanmoins, si la production a remonté en fin d’année, elle reste nettement en-deçà des niveaux des années précédentes.
La production hydraulique a atteint son plus bas niveau depuis 1976
La production hydraulique (49,7 TWh) est en recul de 20% par rapport à la moyenne 2014-2019, en raison de conditions climatiques exceptionnellement chaudes et sèches
Selon le bilan climatique de Météo-France, l’année 2022 a été la plus chaude jamais enregistrée en France depuis le début du XXe siècle et la deuxième la plus sèche observée (après 1989) depuis le début des mesures en 1959. Elle a ainsi été nettement plus sèche que l’année 2005, pendant laquelle les précipitations avaient été déficitaires de 20 % vs 25 % pour 2022. Sans surprise, ce déficit de précipitations a eu un fort impact sur la disponibilité de la production hydraulique : les stocks ont atteint des niveaux historiquement bas à mi-juillet. « Néanmoins, une disponibilité maximale de l’hydraulique a pu être assurée durant la période hivernale grâce à une gestion responsable des producteurs durant l’été. » souligne RTE.
Un volume record d’installations renouvelables mis en service
« Avec 5 GW installés, le record de mise en service d’installations renouvelables a été battu. » Le parc éolien terrestre installé a progressé de 1,9 GW en un an, passant de 18,7 GW à fin 2021 à 20,6 GW au 31 décembre 2022 (contre +1,7 GW en 2017). Le développement du parc solaire s’est maintenu à un rythme soutenu pour la deuxième année consécutive, avec une augmentation de 2,6 GW par rapport à fin 2021 après 2,8 GW installés en 2021. Ce développement a pu avoir lieu malgré des tensions sur les approvisionnements et la hausse du coût de certains composants de panneaux solaires subie par la filière, dont les effets pourraient se matérialiser au cours des prochaines années. Le parc solaire a atteint 15,7 GW à fin 2022. L’année 2022 a également vu la mise en service du premier parc éolien en mer français, à Saint-Nazaire, pour une puissance de 480 MW.
Les efforts ne doivent pour autant pas se relâcher : « Une accélération demeure toujours indispensable pour atteindre les objectifs publics de la décennie 2020-2030 » rappelle RTE.
Le gaz est redevenu la troisième source de production d’électricité devant l’éolien terrestre
En 2022, les centrales à gaz ont été sollicitées à un niveau inédit, mais qui reste inférieur au niveau redouté en cas d’hiver froid ou de stabilité de la consommation énergétique. Avec un volume produit de 44,1 TWh sur l’année (contre 32,9 TWh en 2021), le gaz est redevenu la troisième source de production d’électricité en France derrière le nucléaire et l’hydraulique, à la place de l’éolien qui avait occupé cette place sur les deux années précédentes. C’est au cours du printemps et de l’été 2022, périodes marquées par une faible production hydraulique et nucléaire, que l’utilisation des centrales à gaz a été particulièrement soutenue par rapport aux valeurs historiques. En revanche, elle est demeurée à des niveaux habituels durant l’hiver.
D’ailleurs, l’électricité produite en France en 2022 est restée à 87 % d’origine décarbonée (contre environ 91 % sur la période 2014-2021).
Quid de 2023 ? Pour RTE, il n’y a pas de secret : l’évolution favorable de la situation sur le parc nucléaire français sera essentielle pour accroître la résilience du système électrique aux risques internationaux sur les combustibles fossiles et retrouver la trajectoire de décarbonation de l’économie dans son ensemble.