Energie : Bercy prend la main sur le ministère de la transition énergétique
Le remaniement ministériel transfère le portefeuille de la Transition énergétique à Bercy, sous la responsabilité de Bruno Le Maire.
L’énergie passe sous la tutelle du ministère de l’économie et des finances
« Avoir la responsabilité de l’énergie, c’est se donner les meilleures chances d’accélérer la réindustrialisation du pays et la réalisation du programme nucléaire français« , s’est félicité Bruno Le Maire dans Le Figaro . Les détails de ce transfert seront précisés ultérieurement dans des décrets d’attribution, selon les informations fournies par l’entourage du ministre à l’AFP, sans toutefois préciser la date de publication de ces décrets.
Les associations de défense de l’environnement sceptiques
Jusqu’alors, la question des énergies relevait du portefeuille d’une ministre à part entière, Agnès Pannier-Runacher, qui était ministre de la Transition énergétique dans le gouvernement précédent, tout en étant également en charge du climat.
L’annonce de ce changement a immédiatement suscité des critiques, notamment de la part d’Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat (RAC), qui considère cela comme une rupture avec l’organisation en place depuis 2007, en faisant référence aux décisions prises lors du Grenelle de l’environnement qui a mis la transition écologique au cœur de la gestion de l’énergie.
Le WWF France a également exprimé des inquiétudes quant à la « disparition du ministère de la transition énergétique dans l’organigramme gouvernemental et son rattachement au ministère de l’Économie« , qualifiant cette évolution de « recul de 15 ans » .
Le Grenelle de l’environnement, un changement majeur dans la politique énergétique française
Le Grenelle de l’environnement a marqué un tournant significatif en France, tant dans l’approche du développement durable que dans la méthode innovante et participative utilisée pour sa mise en œuvre.
Il résulte d’un « pacte écologique » proposé par Nicolas Hulot aux candidats à l’élection présidentielle de 2007.
Ce processus a impliqué six groupes de travail thématiques composés de représentants de l’État, des collectivités locales, des organisations non gouvernementales, du patronat et des syndicats. Après une vaste consultation publique, le Parlement a examiné et adopté deux lois, connues sous les noms de « Grenelle I » et « Grenelle II », en 2009 et 2010 respectivement.
La première loi était une loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement. Il s’agissait d’un texte fondateur établissant des objectifs ambitieux destinés à servir de cadre d’action pour les pouvoirs publics. La seconde était axée sur l’engagement national pour l’environnement.
Pour la première fois, des lois définissaient un cadre d’actions précis et fixaient des objectifs ambitieux sur de nombreux aspects liés à la transition écologique : amélioration énergétique des bâtiments, politique des transports, urbanisme, réduction des émissions de gaz à effet de serre, préservation de la biodiversité, de l’eau…
2008 acte la création d’un ministère de l’énergie indépendant de Bercy
Suite au succès du Grenelle, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’écologie et du développement durable, a réussi à obtenir en 2008 le rattachement du portefeuille de l’énergie à son ministère (y compris l’autorité sur la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC)). Ce rapprochement a constitué une petite révolution au sein du gouvernement, car l’énergie était traditionnellement sous la juridiction du ministère de l’économie et de l’industrie, parce que davantage considérée comme un enjeu de production que comme un enjeu environnemental.