Alors que l’EPR de Flamanville devait fonctionner à pleine puissance d’ici la fin de l’été, EDF repousse à nouveau l’échéance.
La centrale nucléaire de Flamanville.

Alors que l’EPR de Flamanville devait fonctionner à pleine puissance d’ici la fin de l’été, EDF repousse à nouveau l’échéance. Cette fois, c’est une décision préventive qui en est à l’origine, dans un contexte où la moindre défaillance soulève de grandes attentes et de nombreuses critiques.

Des opérations de maintenance préventives pour éviter tout risque

Initialement prévu pour redémarrer le 13 août, le réacteur EPR de Flamanville ne sera finalement relancé que le 1er octobre. EDF a annoncé vouloir intervenir de manière préventive sur une troisième soupape du circuit primaire. L’entreprise avait déjà constaté des défauts d’étanchéité sur deux des trois soupapes lors d’une série de maintenances débutées le 19 juin.

Ces soupapes, situées dans la cuve du réacteur, permettent d’évacuer l’excès de pression et sont essentielles au maintien de l’eau sous forme liquide à haute température. Leur étanchéité défaillante ne posait pas de problème de sûreté immédiat, mais risquait de compromettre les performances du réacteur. « Les soupapes présentent des problèmes d’étanchéité qui, s’ils ne remettent pas en cause leur bon fonctionnement, constituent un dysfonctionnement auquel EDF doit remédier », avait précisé l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR).

Dans ce contexte, EDF préfère intervenir sur la troisième soupape avant même qu’un défaut ne soit détecté. « Les besoins en électricité ne sont pas trop forts à cette période de l’année, il vaut mieux avoir un réacteur pleinement opérationnel pour l’hiver », justifie le groupe.

23,7 milliards d’euros Soit le coût total du chantier de Flamanville, selon la Cour des Comptes. Loin des 3,3 milliards initialement prévus.

Flamanville : une histoire de retards

L’EPR de Flamanville, dont la mise en service a déjà accusé douze ans de retard, n’en finit plus d’alimenter les polémiques. Couplé au réseau fin 2024, le réacteur devait atteindre progressivement les 100 % de puissance (soit 1.620 MW) à l’issue d’une phase de tests. Jusqu’à présent, il n’est monté qu’à 60 %, et le palier des 80 % ne pourra être franchi qu’après de nouveaux essais et l’accord de l’ASNR, au mieux à partir du 1er octobre. La pleine puissance n’est désormais attendue qu’« à la fin de l’automne », selon EDF — donc au plus tard le 21 décembre.

Outre les retards, le coût du projet a explosé. Estimé à 3,3 milliards d’euros au départ, le chantier affiche aujourd’hui une facture de 23,7 milliards d’euros, intérêts compris, selon un rapport de la Cour des Comptes publié début 2025. Pour Bernard Fontana, nouveau PDG d’EDF, la gestion de ce projet emblématique représente un test grandeur nature avant le lancement du plan de relance du nucléaire français. Sa mission : respecter les délais et maîtriser les budgets. Une gageure au vu de l’historique de Flamanville.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.