Berlin affiche une position plus souple vis-à-vis du nucléaire, suscitant l'espoir d’un rapprochement énergétique avec la France.
L'arrivée de Friedrich Merz à la chancellerie a adouci le climat entre Berlin et Paris sur la question du nucléaire.

Berlin affiche une position plus souple vis-à-vis du nucléaire, suscitant l’espoir d’un rapprochement énergétique avec la France.

« chaque pays doit pouvoir déterminer librement son propre mix énergétique »

Il y a quelques jours à peine, la France défendait la composition de son mix énergétique devant la Commission européenne, réaffirmant que le nucléaire était un élément essentiel de la décarbonation.  Vendredi 23 mai, le gouvernement allemand a affirmé sa volonté de respecter les choix énergétiques de ses partenaires européens, y compris le recours à l’énergie nucléaire. Une source du ministère de l’Économie et de l’Énergie a déclaré vendredi que Berlin souhaitait « respecter le mix énergétique » des autres États membres et rester « ouverts à toutes les technologies ». Le porte-parole du ministère a rappelé à l’AFP : « Le gouvernement fédéral respecte le mix énergétique des autres États, chaque pays doit pouvoir déterminer librement son propre mix énergétique ». Il a également ajouté : « Chaque tonne de CO₂ que nous pouvons économiser est bonne pour la protection du climat », en soulignant l’ouverture défendue par la ministre Katherina Reiche.

Ce changement de ton contraste avec les années de désaccords entre Paris et Berlin sur le rôle du nucléaire. Pour le ministre français de l’Énergie, Marc Ferracci, ce climat s’est adouci avec l’arrivée de Friedrich Merz à la chancellerie. Il a affirmé : « Les Allemands sont prêts » à sortir de « la guerre de religion sur le nucléaire ».

Des désaccords au sein du gouvernement allemand

Dans une tribune publiée début mai dans Le Figaro, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz ont souligné leur volonté de mettre en place « un réalignement de leurs politiques énergétiques, fondées sur la neutralité climatique, la compétitivité et la souveraineté ». Ils y réaffirment que « ceci implique d’appliquer le principe de neutralité technologique, en garantissant un traitement non discriminatoire de toutes les énergies bas carbone au sein de l’Union européenne ».

La France, qui dispose d’un des mix électriques les plus décarbonés d’Europe grâce à ses 57 réacteurs nucléaires, défend ardemment cette neutralité technologique afin que le nucléaire soit reconnu au même titre que les énergies renouvelables. De son côté, l’Allemagne, après avoir fermé ses derniers réacteurs en 2023, mise sur les renouvelables, le gaz et l’hydrogène pour assurer sa transition.

Toutefois, le consensus n’est pas total au sein du gouvernement allemand. Interrogé sur l’accès des projets nucléaires aux financements européens, le ministère de l’Économie reste prudent, affirmant que « le gouvernement se prononcera sur les différents dossiers lorsque des décisions devront être prises ». Parallèlement, le ministre de l’Environnement, Carsten Schneider, a exprimé son désaccord : « Les tentatives visant à assimiler l’énergie nucléaire à la production d’électricité durable à partir d’énergies renouvelables » suscitent, selon lui, des réserves, critiquant ainsi l’ouverture exprimée par sa collègue du ministère de l’Économie.

Source : AFP

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.