La France, championne des investissements étrangers en 2023
En 2023, la France a maintenu sa position de leader en Europe en matière d’attraction des investissements internationaux avec 1 194 projets annoncés, marquant ainsi la cinquième année consécutive en tête du classement. Selon une enquête réalisée auprès de 204 dirigeants par EY, 76 % d’entre eux estiment que l’Hexagone peut encore améliorer son attractivité dans les trois prochaines années.
La France séduit les investisseurs, mais des questions se posent
Dans un environnement à la fois national et international complexe, la France tire profit d’un ensemble de réformes et de la récupération d’investissements non réalisés au cours des deux dernières décennies, exacerbé par une concurrence de plus en plus complexe.
Une question demeure cependant : combien de temps la France restera-t-elle attractive ? Pour continuer à séduire, la France doit répondre à plusieurs défis. Parmi eux, la croissance économique, la gestion de la dette et du déficit, les conditions du marché du travail, la complexité des processus administratifs et réglementaires, les politiques fiscales, les enjeux énergétiques et l’innovation sont cruciaux. Il est impératif de tenir compte des attentes et critiques qui pourraient, à terme, menacer sa position de leader.
L’Hexagone tire son épingle du jeu
Alors que l’Europe traverse une période difficile, la France maintient le cap.
En 2023, les investissements internationaux en Europe ont enregistré une baisse, avec seulement 5 694 nouvelles implantations et extensions, marquant une réduction de 4 % par rapport à l’année précédente et ne parvenant pas à atteindre les niveaux pré-Covid ou le pic de 2017, qui était de 6 653.
Face à un ralentissement économique général, la France montre sa résilience. Avec 1 194 nouvelles implantations ou extensions annoncées en 2023, en baisse de 5 % par rapport à 2022, elle garde la tête du classement européen pour la cinquième fois d’affilée, surpassant le Royaume-Uni avec ses 985 projets (en hausse de 6 % par rapport à 2022) et l’Allemagne avec 733 projets (en baisse de 12 %). De plus, selon une enquête menée auprès de 500 dirigeants de divers secteurs et pays, la France est perçue comme le pays le plus attractif d’Europe, devançant l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Quels sont les facteurs d’attractivité français ?
76 % des dirigeants estiment que l’attractivité de la France s’améliorera, significativement ou légèrement, au cours des trois prochaines années. Ce sont surtout les investisseurs en dehors de la France, y compris ceux qui n’y ont pas encore investi, qui sont particulièrement optimistes concernant l’Hexagone. Ils notent un paradoxe intéressant : malgré les doutes internes, la France continue de charmer à l’international.
Les bases historiques de la France, notamment ses compétences, ses infrastructures et son marché, sont perçues par les dirigeants internationaux comme le pilier de son attractivité.
Preuve que la constance est récompensée, malgré les critiques concernant sa complexité administrative et réglementaire, l’environnement juridique et réglementaire de la France n’est plus perçu comme un obstacle majeur.
Les investissements industriels dominent
En 2023, les entreprises détenues par des capitaux étrangers ont créé près de 40 000 emplois en France, ce qui représente une augmentation de 4 % par rapport à 2022, malgré un recul dans le volume total des investissements. La France a également vu l’implantation ou l’extension de 530 usines, représentant 44 % des projets industriels dans le pays, ce qui lui a permis de maintenir sa position de leader en Europe. Cette vague de réindustrialisation a été bénéfique pour l’emploi, générant 20 545 postes, notamment grâce à l’augmentation des initiatives de décarbonation et de robotisation, ainsi que des investissements accrus dans les secteurs de la mobilité électrique, de l’intelligence artificielle et de la santé.
Par ailleurs, l’attrait régional de la France pour les investisseurs internationaux est marqué. Cinq régions françaises — l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Est, les Hauts-de-France et l’Occitanie — figurent parmi les quinze premières régions européennes en termes d’attraction d’investissements directs étrangers. En 2023, les zones rurales et les villes de taille moyenne ont attiré 45 % de ces investissements, démontrant l’attrait croissant de la France au-delà de ses grandes métropoles.
Quels freins sont pointés du doigt par les investisseurs internationaux ?
Les dirigeants interrogés mettent en avant un déficit persistant de compétitivité ainsi que les répercussions du climat social et de la récente crise énergétique.
Il est à noter que le climat social a eu un impact notable, entraînant des critiques sur la qualité de vie qui n’étaient auparavant pas aussi prégnantes.
Par ailleurs, le coût de l’énergie demeure un sujet crucial. Les dirigeants gardent en mémoire la hausse des prix de l’énergie en 2022 et 2023, ainsi que des incertitudes liées à l’approvisionnement.
Le Royaume-Uni concurrent direct de la France
L’étude met en lumière un déficit de compétitivité de la France par rapport à ses concurrents, notamment dans certains secteurs traditionnels et en matière d’innovation.
En France, chaque nouvelle implantation ou extension crée en moyenne 35 emplois, ce qui est inférieur aux chiffres observés dans les autres grands pays européens recevant des investissements étrangers, comme l’Allemagne avec 49 emplois et le Royaume-Uni avec 61 emplois. Cette situation pourrait être liée aux coûts de travail élevés et à une tendance accrue aux réinvestissements plutôt qu’aux nouvelles installations.
Le Royaume-Uni se positionne comme un concurrent solide, surtout dans les domaines des sièges sociaux, des services financiers, et du numérique, enregistrant 451 projets contre 245 en France. Cette dynamique a permis au Grand Londres de surpasser légèrement l’Île-de-France dans le classement européen des régions, avec 359 projets contre 300.
Des industries traditionnelles telles que la chimie et l’agroalimentaire voient leur attractivité diminuer, avec une réduction des investissements étrangers de 23 % et 24 % respectivement en 2023.
Quant à l’innovation, elle présente des défis spécifiques, en particulier concernant le soutien à la recherche et au développement (R&D). Bien que la France maintienne sa position de leader européen avec 123 centres de R&D en 2023, la diminution de 15 % des projets par rapport à 2022 et une moindre intention d’investissement par rapport au Royaume-Uni (46 % contre 54 %) nécessitent une attention accrue.