Le gaz russe ne passe plus par l’Ukraine
Depuis le 1er janvier 2025, le gaz russe n’est plus livré à l’Europe via l’Ukraine. Une décision connue de longue date mais non sans conséquences.
Un accord à près de 7 milliards par an
Cette année plus aucun mètre cube de gaz russe ne transitera par l’Ukraine pour approvisionner l’Europe, l’accord entre Kiev et Gazprom ayant pris fin en même temps que l’année 2024. Cette décision a pour ambition de saper l’effort de guerre russe.
En 2019, l’Ukraine de Zelensky signait un accord avec Gazprom autorisant la Russie à exporter son gaz vers l’Europe via le territoire ukrainien contre d’importants paiements. L’accord de cinq ans a rapporté un peu moins de 7 milliards d’euros par an. A l’époque, le président ukrainien décrivait cet accord comme une « sécurité énergétique » et un outil de « prospérité économique » pour son pays.
Un « impact drastique sur l’UE » ?
Compte tenu de la guerre qui sévit entre les deux pays depuis février 2022, on est en droit de se demander pourquoi l’accord est allé à son terme et n’a pas été abrogé avant la date limite. Si l’Union Européenne avait infligé de lourdes sanctions au pétrole et au charbon russes, elle n’avait jusqu’ici que très peu attaqué le gaz tant les besoins dans cette énergie étaient importants.
Le non-renouvellement du contrat a été salué par la Commission européenne qui a, dans le même temps, tenté de rassurer les Européens : « l’UE est prête à mettre un terme à cet accord après avoir travaillé pendant plus d’un an pour s’assurer que d’autres sources d’approvisionnement sont disponibles », précise Bruxelles. Le voisin polonais, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski, a salué : « une nouvelle victoire » avant d’ajouter que : « Vladimir Poutine a dépensé des milliards pour construire Nordstream afin de contourner l’Ukraine et de faire chanter l’Europe de l’Est en la menaçant d’interrompre ses livraisons de gaz. Aujourd’hui, l’Ukraine l’empêche d’exporter du gaz directement vers l’UE ».
Cette satisfaction n’est pas partagée par tous, en Europe. Pour plusieurs autres pays d’Europe centrale, l’arrêt de ce contrat, qui concerne près du tiers des livraisons totales de gaz russe à l’Europe, est source d’inquiétudes. La Slovaquie, très dépendante de l’approvisionnement en gaz russe a tiré la sonnette d’alarme dès le 1er janvier, expliquant, par la voix de son Premier ministre, que cette décision aura un « impact drastique sur nous tous dans l’UE », avant de menacer Volodymyr Zelensky de représailles si l’accord n’était pas finalement prolongé. De son côté, la Hongrie de Viktor Orban a assuré « ne pas vouloir abandonner » la route ukrainienne du gaz afin de maintenir des prix raisonnables. Le pays le plus touché par ce changement reste la Moldavie qui a déclaré l’état d’urgence. Pour cause, le pays dépend pour 70 % de son électricité de la centrale thermique de Cuciurgan et alimentée en gaz russe via l’Ukraine.