Hausse de la demande d’électricité et enjeu de la flexibilité : que dit le rapport d’Engie ?
Selon l’énergéticien Engie, la demande d’électricité en Europe devrait connaître une reprise partielle cette année, avant une accélération plus marquée d’ici 2030. Ce rebond fait suite à une baisse de la consommation sur trois années consécutives.
La consommation d’électricité va accélérer
Le rapport d’Engie sur les trajectoires de décarbonation de l’Europe, présenté pour la deuxième année, projette une augmentation de la consommation électrique d’environ 1% cette année, puis de 2-3% par an dans la seconde moitié de la décennie. Cette tendance serait notamment tirée par l’électrification des transports et la croissance du secteur numérique, compensant la chute de 6% réalisée entre 2021 et 2023.
À l’horizon 2050, la demande d’électricité du continent devrait ainsi doubler pour atteindre 4 950 TWh/an.
Le rapport d’Engie se base sur 15 pays européens représentant plus de 85% de la demande totale d’énergie du continent (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Hongrie, Irlande, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Royaume-Uni, Slovaquie et Suisse).
Un mix électrique décarboné
Dans le même temps, la part des énergies renouvelables passerait de 41% en 2023 à 85% du mix de consommation.
La flexibilité est un enjeu majeur
La réalisation des objectifs européens de neutralité carbone passera nécessairement par le développement des solutions de flexibilité. Engie prône ainsi une multiplication par 4,5 des solutions de flexibilité permettant l’ajustement de l’offre et de la demande d’électricité. Ces leviers sont essentiels pour éviter de devoir surdimensionner les capacités de production.
Parmi ces solutions figurent le développement d’actifs thermiques décarbonés, d’équipements hydrauliques ou de systèmes de stockage par batteries connectées au réseau. Mais le pilotage de la demande jouera également un rôle crucial, notamment grâce aux électrolyseurs produisant de l’hydrogène renouvelable, aux batteries domestiques, aux véhicules électriques, aux pompes à chaleur hybrides, ou encore à l’effacement de la production industrielle.
À l’horizon 2050, près des deux tiers des capacités de flexibilité proviendront ainsi de la demande. Cela entraînera une transformation majeure du système énergétique dans son ensemble, ainsi que des comportements des consommateurs.
L’objectif européen pour 2030, Fit for 55, est atteignable
Selon la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, l’objectif de réduction des émissions de carbone de 55% d’ici 2030 est à la portée de l’Union européenne. « L’objectif européen pour 2030, Fit for 55 est à notre portée car il repose en grande partie sur des technologies matures (solaire, éolien, véhicules électrique…). L’enjeu réside maintenant dans l’accélération de leur déploiement. »
Elle estime en revanche que ce n’est « pas le bon moment » pour fixer un objectif intermédiaire de 90% d’ici 2040, comme le souhaite la présidente de la Commission européenne.
Ursula von der Leyen plaide en effet pour une réduction nette des émissions de gaz à effet de serre de 90 % d’ici à 2040 par rapport aux niveaux de 1990, afin d’atteindre l’objectif convenu de parvenir à la neutralité climatique de l’Union européenne d’ici à 2050.
« L’objectif Net Zéro carbone en 2050 est nettement plus à risque. En effet, 70 % des technologies nécessaires et des usages associés, comme la décarbonation du transport maritime et aérien ou de l’industrie lourde, n’ont pas encore été réellement testés à l’échelle industrielle. Ces leviers nécessitent encore une réduction significative des incertitudes d’ordre industriel, de modèle d’affaire et réglementaire. » souligne Engie.