
Destiné à décarboner l’industrie et les transports entre autres, l’hydrogène vert peine à se développer en Europe. Il sera difficile d’atteindre les objectifs 2030.
Une croissance annuelle de +150% des capacités installées d’électrolyse nécessaire
La stratégie du RepowerEU, adoptée à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a pour ambition, la création d’un marché européen de l’hydrogène vert (ou hydrogène décarboné/renouvelable), d’ici 2030.
Les objectifs pour la fin de la décennie sont une production de 10 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable et l’importation de 10 millions de tonnes, également. Pourtant le rapport produit et publié par EY, le vendredi 24 décembre, nous informe que les moyens mis en place par les Etats ne sont pas à la hauteur des vœux : « seulement 60% de l’ambition européenne en matière de capacité de production d’ici 2030 était couverte par les stratégies nationales des Etats membres ».
Pour atteindre les objectifs, l’Union Européenne devra installer 100 GW de capacité d’électrolyse dans les 5 ans à venir, soit une croissance annuelle de +150%. Lorsque l’on sait que le rythme de croissance depuis 2020 est de +45% chaque année, on peut raisonnablement douter de la réalisation desdits objectifs.
En théorie, les projets annoncés d’usines d’électrolyseurs devraient suffire (142 GW) mais, en réalité, la quasi-totalité des projets en question est au stade de faisabilité. Seuls 2% sont au stade de la décision finale pendant que certains projets sont, eux, reportés.
« Coordonner [les] objectifs »
L’hydrogène vert aura la tâche, dans les années à venir, de décarboner l’industrie lourde, la pétrochimie, la chaux, l’engrais, la sidérurgie, les transports maritimes lourds, le transport aérien, le ciment, afin de respecter les engagements climatiques de l’UE d’ici 2050. « Le secteur européen de l’hydrogène connaît des développements prometteurs, cependant il nécessite encore des efforts importants pour atteindre ses objectifs ambitieux, compte tenu notamment des incertitudes du marché de l’énergie », explique le rapport.
Outre l’incertitude du climat politique, en France notamment, qui a pu retarder certains projets d’investissement dans la décarbonation industrielle, les Européens ont passé les dernières années à s’affronter mezzo voce sur la définition de l’hydrogène vert, décarboné ou renouvelable. « Les États européens ont besoin de coordonner leurs objectifs et d’aligner leurs ambitions avec celles de l’objectif européen, notamment en matière d’accélération du rythme », préconise l’étude de EY.
Le fossé oppose essentiellement la France et l’Allemagne sur le recours à de l’électricité d’origine nucléaire pour l’électrolyse de l’eau (H2O) qui produit l’hydrogène. Le développement industriel de l’hydrogène à grand volume souffre aussi d’un manque de fiabilité des technologies existantes, soulignent les experts.
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.