RE2020 et bâtiments industriels

Alors que les négociations commerciales entre EDF et les industriels électro-intensifs se poursuivent, le président de l’Uniden, Nicolas de Warren, a partagé avec le média News Tank les enjeux et perspectives des discussions sur les contrats d’allocation de production nucléaire, prévus pour début 2026.

Les négociations butent sur le prix d’allocation

Le président de l’UNIDEN fait le point sur les négociations en cours entre EDF et les industriels électro-intensifs concernant les contrats d’allocation de production nucléaire (Capn).

« Le point essentiel qu’il reste à trancher est le niveau de prix au démarrage des Capn début 2026.  ». Ces Capn doivent prendre le relais de l’ARENH.

Pour rappel, le 14 novembre 2023, l’accord conclu entre l’État et EDF a confirmé la liberté de l’énergéticien de commercialiser sa production nucléaire, avec un engagement sur un prix moyen de vente de 70 €/MWh sur 15 ans.

En parallèle, cet accord a ouvert la voie à des Capn qui doivent permettre l’accès des industriels électro-intensifs à une partie de cette production à un prix équivalent au coût de production, impliquant toutefois une exposition au risque lié au productible et un préfinancement conséquent.

EDF et l’industrie, deux logiques parallèles

Les discussions menées depuis un an entre EDF et les industriels ont permis de résoudre les aspects techniques, comme le degré d’exposition aux risques, reconnait Nicolas de Warren. Cependant, le prix de démarrage des contrats reste une pierre d’achoppement majeure. « Dans les discussions, nous sommes sur deux logiques parallèles qui, par nature, ne peuvent converger spontanément. »

EDF applique une méthode de calcul basée sur son coût courant économique, aboutissant à des propositions jugées incompatibles avec la réalité des électro-intensifs, qui évoluent dans un contexte « totalement concurrentiel », qui les contraint.

« À cet égard, les référentiels de prix internationaux sont connus. Par exemple, pour l’aluminium, qui est le secteur le plus électro-intensif et qui sert donc de benchmark, le cours international est fixé au London Metal Exchange. » rappelle Nicolas de Warren. « Par ailleurs, des contrats de long terme sont en place dans certains pays, souvent sur base hydroélectrique. Dans d’autres, les prix sont très largement administrés. Cet environnement concurrentiel ne correspond pas au niveau du coût de production qu’EDF met en avant » alerte-t-il encore.

La demande d’une médiation

« Après une année de discussions, nous constatons que le jeu normal des négociations ne fonctionne pas et nous n’imaginons pas converger vers un accord dans le délai nécessaire. » insiste Nicolas de Warren.

Face à ce blocage persistant, l’Uniden appelle donc à la mise en place d’une médiation. L’objectif est de combler le fossé encore existant dans les meilleurs délais, sans ralentir le processus. Une médiation, validée par les deux parties et encadrée par l’État, pourrait accélérer les négociations.

Le temps presse

Les industriels membres de l’Uniden ont déjà réalisé des efforts significatifs pour répondre aux exigences de la stratégie nationale bas carbone, visant une réduction de 45 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035.

Mais, l’absence d’un accord entraînerait une exposition accrue des industriels à la volatilité des prix de marché, compromettant de nombreux projets de décarbonation à long terme. « Une visibilité sur 10 à 15 ans est essentielle pour sécuriser les investissements industriels et atteindre nos objectifs climatiques », précise le président.

Un statu quo serait donc synonyme de renoncements, à la fois sur les ambitions environnementales et sur la compétitivité industrielle.

L’accompagnement prévu par l’État, notamment via une enveloppe de 1,55 milliards d’euros pour la décarbonation, est salué. Cependant, « il s’agit là avant tout d’aides à l’investissement. Pour que ces projets tiennent dans la durée, le coût d’exploitation doit suivre, avec sa composante électricité qui est majeure. Si elle n’est pas compétitive, ça ne tiendra pas. »

Charlotte Martin
Responsable Communication

Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée

Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.

Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.