Alors que la PPE n’a toujours pas été publiée, la CRE clarifié lundi plusieurs affirmations sur l'énergie qui alimentent le débat public.
Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE, avec François Bayrou.

Alors que la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) n’a toujours pas été publiée, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a choisi de clarifier plusieurs affirmations qui alimentent le débat public. Entre hausse des factures d’électricité et investissements dans les énergies renouvelables, le régulateur joue son rôle de vigie.

Hors inflation le TRVE n’a augmenté que de 20% depuis 2015

Dans un exercice peu commun, la CRE a décidé, le 1er septembre, de « démêler le vrai du faux » sur l’actualité de l’énergie en publiant des réponses aux idées reçues récemment véhiculées telles que : « La factures d’électricité ont doublé en 10 ans », « les EnR sont responsables de l’évolution de la facture », ou encore : « Le TURPE va-t-il doubler ? ».

Contrairement aux affirmations relayées par certains responsables politiques, la CRE précise que la facture d’électricité des ménages n’a pas doublé en dix ans. Hors inflation, le tarif réglementé de vente d’électricité n’a augmenté que de 20 % en euros constants entre 2015 et 2025, soit 45 % en tenant compte de l’inflation. « Un doublement correspond, lui, à une hausse de 100 % », rectifie l’instance.

« Sur la partie fourniture en électricité, les EnR ont plutôt tendance à faire baisser les prix de gros »

Quant au rôle des énergies renouvelables dans cette hausse, la CRE dément toute responsabilité directe : « Sur la partie fourniture en électricité, les EnR ont plutôt tendance à faire baisser les prix de gros », souligne-t-elle. La hausse observée tient davantage à l’évolution des taxes et des coûts de réseau. Le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (TURPE), souvent présenté comme une menace, ne devrait progresser que d’1 % par an au-dessus de l’inflation jusqu’en 2040 pour les clients résidentiels.

Des investissements maîtrisés dans les énergies renouvelables

Autre sujet de polémique : l’idée que la France dépenserait 300 milliards d’euros pour développer les énergies renouvelables. Faux, corrige la CRE. Le chiffre réel se situe autour de 105 milliards d’euros d’ici 2060. Cette somme inclut :

  • 55 milliards consacrés d’ici 2040 à la modernisation des réseaux, leur adaptation climatique et le raccordement des consommateurs,
  • 37 milliards pour connecter les éoliennes en mer,
  • 50 milliards de soutien public aux EnR, dont l’ampleur dépendra des prix de marché.

En 2025, ce soutien public est évalué à 6,9 milliards d’euros, dont près de 2 milliards proviennent encore de contrats photovoltaïques signés avant 2010, à tarifs très élevés, mais arrivant progressivement à échéance à partir de 2029.

Enfin, la CRE rappelle que la France exporte une partie de sa production d’électricité, générant près de 5 milliards d’euros de recettes en 2024, et que la demande nationale est appelée à croître avec l’électrification de l’économie et la transition énergétique.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.