L'instabilité politique fragilise la publication de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), cruciale a bien des égards.
Marc Ferracci, ministre de l'Industrie et de l'Energie (à gauche) et le Premier ministre François Bayrou (à droite).

La crise institutionnelle et les divisions au sein du gouvernement fragilisent la publication de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), pourtant cruciale pour l’avenir nucléaire et renouvelable du pays.

Crise politique : un poison pour le monde de l’énergie

La troisième Programmation pluriannuelle énergétique (PPE), qui doit définir la trajectoire énergétique de la France pour la période 2025-2035, est enlisée dans un climat de tensions politiques. Elle prévoit une sortie progressive des énergies fossiles et un renforcement du parc nucléaire, notamment via la construction de réacteurs EPR2, en rupture avec la précédente PPE qui annonçait la fermeture de 12 réacteurs.

La promesse gouvernementale de publier le décret avant la fin de l’été est compromise. Les débats sur la place respective du nucléaire et des renouvelables divisent la majorité et alimentent les tensions parlementaires. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a ainsi plaidé début juillet pour l’arrêt des « subventions publiques » à l’éolien et au photovoltaïque, tandis que le député RN Jean-Philippe Tanguy a averti qu’un passage en force par décret constituerait « un casus belli ».

À cela s’ajoute la proposition de loi Gremillet, consacrée à la relance du nucléaire, qui doit encore reprendre sa navette parlementaire. Si Marc Ferracci, ministre de l’Énergie, plaidait pour une publication rapide du décret, celle-ci a été repoussée par le Premier ministre, officiellement « pour que soient conduites la concertation et les consultations nécessaires ». François Bayrou, chargé du dossier, a évoqué une publication possible en « août, septembre ».

Le PPE3 pour le 8 septembre ?

Au-delà des querelles politiques, le secteur énergétique s’alarme du retard accumulé. Attendue depuis deux ans, la PPE est indispensable pour lancer des appels d’offres, sécuriser les investissements et planifier infrastructures, formation et emplois.

Lors de la Rencontre des entrepreneurs de France, la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, a dénoncé : « La France n’a pas de politique énergétique. Nous n’avons pas réussi à voter une PPE pourtant tellement débattue. Ça fait quatre ans qu’on en parle ». Même constat du côté du Syndicat des énergies renouvelables, dont le président Jules Nyssen a regretté auprès de l’AFP : « On se retrouve de nouveau sans cadre politique énergétique clair, en pleine incertitude. Surtout le nucléaire, car le programme nouveau nucléaire n’est inscrit nulle part ».

Pour le ministère de l’Énergie, l’urgence est désormais de publier le texte avant le 8 septembre. L’entourage de Marc Ferracci évoque « un plaidoyer très, très important pour une publication de la PPE avant le 8 pour pouvoir avancer ce dossier qui traîne depuis quatre ans ». Le ministre a lui-même jugé l’instabilité politique comme un « poison » pour l’industrie.

Catherine MacGregor a conclu en fustigeant une « campagne anti-éolienne extrêmement forte » qui, selon elle, a contribué à « torpiller » la PPE cette année.

Source : AFP

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.