La tension reprend de plus belle sur le marché du gaz
Gazprom baisse drastiquement ses exportations de gaz vers l’Europe
Ce vendredi, Gazprom ne livrera à l’Italie que 50 % du gaz demandé par Eni. Le gazier russe a déjà abaissé ses livraisons vers l’Italie de 35 % jeudi et de 15 % mercredi.
Jeudi, le groupe a aussi annoncé réduire sa fourniture de gaz à destination du groupe autrichien OMV. Et, plus tôt dans la semaine, mardi 14 juin, c’est l’Allemagne qui s’est vu amputer de 40 % de gaz russe.
Gazprom invoque des raisons techniques à ces différentes réductions, provoquées par les sanctions occidentales. Il explique ainsi avoir été forcé d’arrêter un équipement du groupe allemand Siemens présent sur le gazoduc Nord Stream 1.
Berlin a d’emblée dénoncé une « décision politique ». L’Italie est allée plus loin. Mario Draghi, en visite à Kiev hier, a pointé les « mensonges » du gazier. Alexeï Miller, le patron de Gazprom, maintient sa version, reconnaissant une « diminution des approvisionnements vers l’Europe » due à la livraison retardée de compresseurs Siemens, nécessaires pour réparer la station de compression de Portovaïa. Il récuse cependant toute manipulation, bien au contraire. « Nous avons rempli nos obligations envers vous » a-t-il lancé à l’adresse des Européens.
GRTgaz alerte sur l’hiver prochain
Cette baisse d’approvisionnement s’est aussi répercutée en France, dont l’approvisionnement en gaz russe transite par l’Allemagne.
« Depuis le 15 juin, GRTgaz constate un arrêt du flux physique entre la France et l’Allemagne. Ce flux était de l’ordre de 60 GWh/j au début 2022, soit seulement 10 % de la capacité du point d’interconnexion. » annonce ce matin le gestionnaire de réseaux.
« Les flux de gaz en provenance des points d’interconnexion situés à l’est de la France (notamment France-Allemagne) sont en baisse de plus de 60 % sur les 5 premiers mois de l’année (par rapport à 2021). »
La campagne de soutirage se poursuit
La France ne risque pour autant pas de coupures de gaz immédiates, notamment parce que l’entrée dans la période estivale entraîne une moindre consommation de gaz. Les importations de GNL continuent également de manière soutenue.
« Le niveau des stockages est passé de 19 % à la mi-mars à plus de 56 % à ce jour (à comparer à 50 % habituellement à la même date). La campagne d’injection de gaz dans les stockages français a démarré plus tôt que les années précédentes. Le niveau moyen européen de remplissage des stockages est quant à lui de 52 %. »
Cependant, tout risque n’est pas écarté.
Un hiver à surveiller
En cas d’arrêt total des livraisons de gaz russe, « la France devrait pouvoir assurer l’équilibre offre-demande du système gazier français. », à condition que l’hiver ne réserve pas de surprises météorologiques.
La situation serait en effet bien plus compliquée en cas de froid intense ou d’hiver tardif alerte le gestionnaire de réseaux.
GRTgaz serait alors amené à inciter à la baisse de consommation. Il pourrait aussi réduire ou interrompre la fourniture de gaz des industriels liés par des contrats d’interruptibilité. GRTgaz annonce qu’il pourrait également avoir recours au mécanisme national de délestage. Mis en place par décret en avril 2022, ce mécanisme permet de réduire la consommation de certains grands consommateurs dont la consommation dépasse 5 GWh par an.
Sans surprise les prix du gaz grimpent sur toutes les échéances.
Depuis le début de la semaine, le Cal-23 a grimpé de + 14,54 %, le Cal- 24 de + 6,57 %, le Cal-25 de + 4,92 % (clôture au 16 juin). Sur les échéances court et moyen terme, les hausses sont encore plus marquées.
Le produit mensuel juillet gagne + 44,5 %, celui d’août +45,08 %, celui de septembre + 47,32 % ! (clôture au 16 juin).
Le produit Quarter + 1 enregistre une augmentation de + 45,62 %, le produit Q+2 s’envole de + 33,85 %, le produit Q+3 est en hausse de + 26,81 % (clôture au 16 juin).