les boulangers saisissent le conseil etat

L’Union des boulangers indépendants (UBADI) a saisi le Conseil d’Etat pour demander l’extension du bouclier tarifaire sur l’électricité à l’ensemble des professionnels du secteur.

La boulangerie française en difficulté

Depuis 2020, les artisans-boulangers doivent faire face coup sur coup à la pandémie de covid19 qui a entrainé une chute spectaculaire de leur chiffre d’affaires en raison du confinement, à une hausse du prix des matières premières (notamment le beurre et le blé) et à une flambée du prix de l’énergie, rappelle Me Christophe Lèguevaques, l’avocat du collectif.

Les chiffres sont éloquents : 233 boulangeries-pâtisseries ont disparu en 2022 ( soit de + 124,7 % par rapport à 2021), ce qui représente 78 % des défaillances intervenues dans l’industrie agroalimentaire.

Et voilà que courant janvier 2023, ces professionnels ont eu la douloureuse surprise de recevoir des propositions de renouvellement de contrat de fourniture d’électricité avec des prix multipliés de « 4 à 10 ».

Face à cette situation, le gouvernement a mis en place diverses mesures d’accompagnement. Des mesures complexes dans leur application et surtout contre-productives, puisqu’elles créent une distorsion de concurrence entre les artisans-boulangers selon l’UBADI.

Seuls 20 % des boulangers bénéficient du bouclier tarifaire

Seuls les artisans-boulangers consommant moins de 36 kVA peuvent bénéficier du « bouclier tarifaire » plafonnant la hausse à + 15 % pour 2023. Tous les autres en sont exclus : or, cela représente 80 % des professionnels du secteur !

Ils peuvent certes bénéficier de l’amortisseur électricité : mais il s’agit d’un mécanisme invraisemblable et bien moins protecteur que le bouclier tarifaire dénonce Me Christophe Lèguevaques.

Le dispositif est « d’une complexité telle que même les fournisseurs d’électricité ne savent pas comment l’utiliser. ». Par ailleurs, il ne vient couvrir qu’une « toute petite partie » de la hausse de la facture d’électricité. Enfin, il est plus que préjudiciable que les boulangers concernés soient obligés de faire l’avance de factures disproportionnés « sans être certain de recevoir un jour l’aide promise ».

« Nous ne méritons pas ce qui nous arrive. Alors que nous travaillons plus de 70 heures par semaines, nous n’arrivons plus à nous payer. Nos factures ont été multipliées par 4, 5 voire parfois par 10. Les aides mises en place par le Gouvernement sont totalement insuffisantes : 80% des boulangeries n’ont pas accès au bouclier tarifaire, et l’amortisseur électricité pour les PME ne prend en compte que 10 à 20% des factures. Les ETI n’ont le droit à rien. Pour beaucoup d’entre nous, il ne nous reste que quelque mois à vivre. » déplore l’ UBADI.

L’Etat doit agir sans délais

 « Nous ne pouvons plus attendre », déclare encore Jérémy FERRER, président de l’UBADI, « le gouvernement est sourd à nos arguments et à nos cris d’alarmes. Pourtant entre le coût de la mesure proposée et le coût économique et social de la disparition de centaines de boulangerie et de milliers d’emplois, il n’y a pas photo ».

Les dommages collatéraux pourraient être nombreux, rappelle Me Christophe Lèguevaques. Si la situation devait persister, on pourrait être confronté à « de tensions inflationnistes sur un produit de grande consommation », une moindre couverture de certains territoires déjà « affectés par la disparition de services publics structurants » et à une montée de la concurrence « déloyale » de la grande distribution.

Aussi, Me Lèguevaques a déposé un référé-liberté dans le but d’étendre à tous les artisans-boulangers le bénéfice du « bouclier tarifaire ». Compte tenu de l’urgence, le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative du pays, pourrait se prononcer sous quelques jours estime l’avocat.

Charlotte Martin
Responsable Communication

Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée

Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.

Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.