
Le ralentissement de la croissance mondiale des capacités solaires et éoliennes compromet l’objectif fixé à la COP28 de tripler les énergies renouvelables d’ici 2030.
Croissance revue à la baisse : un objectif de 2,6 fois au lieu d’un triplement
L’AIE, qui jugeait encore en 2024 l’objectif de la COP28 atteignable, révise désormais ses prévisions à la baisse. La capacité mondiale d’énergie renouvelable devrait atteindre 2,6 fois son niveau de 2022 d’ici 2030, soit 4.600 gigawatts (GW) supplémentaires — l’équivalent de la production cumulée de la Chine, de l’Union européenne et du Japon. Ces projections sont inférieures de 5 % à celles de l’an dernier.
Selon l’Agence, les révisions politiques et réglementaires aux États-Unis et en Chine pèsent lourdement sur la trajectoire mondiale, malgré la résistance d’autres régions plus dynamiques comme l’Inde ou l’Europe. Ainsi, deux facteurs expliquent cette inflexion : d’une part, « la suppression anticipée des incitations fiscales fédérales aux États-Unis » a entraîné une chute de près de 50 % des prévisions de croissance américaine, selon l’AIE. D’autre part, la Chine a remplacé ses tarifs réglementés d’achat d’électricité verte par un système d’enchères, « ce qui affecte la rentabilité des projets et freine la dynamique d’investissement », précise l’agence.
Ce tassement est néanmoins contrebalancé par des régions plus résilientes. « L’Inde est en passe de devenir le deuxième marché mondial de croissance des énergies renouvelables », note l’AIE, avec une capacité appelée à être multipliée par 2,5 en cinq ans. En Europe, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la Pologne tirent également la croissance vers le haut, tandis que les prévisions pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord progressent de 25 %.
Le solaire, moteur principal de la transition : 80 % des nouvelles capacités d’ici 2030
Le solaire photovoltaïque restera le pilier de la transition : il représentera près de 80 % de l’augmentation mondiale des capacités renouvelables dans les cinq prochaines années. Derrière lui viennent l’éolien, l’hydraulique, la bioénergie et la géothermie. « La géothermie est en passe d’atteindre des sommets historiques sur des marchés clés comme les États-Unis, le Japon ou l’Indonésie », observe l’AIE.
L’hydroélectricité, elle, bénéficie d’un regain d’intérêt grâce à sa capacité à équilibrer les réseaux via les stations de pompage. L’éolien terrestre devrait presque doubler d’ici 2030, malgré les obstacles liés aux coûts et aux délais d’autorisation. En revanche, l’éolien en mer subit un coup d’arrêt dans plusieurs grands marchés, notamment américains, en raison de « changements de politique », souligne l’agence.
Au-delà des volumes installés, l’AIE met en avant les effets positifs déjà visibles : « Le déploiement des énergies renouvelables a réduit considérablement les besoins d’importation de carburant dans de nombreux pays, améliorant la sécurité énergétique et la diversification des approvisionnements ».
Mais l’agence alerte aussi sur la nécessité d’accélérer la modernisation des réseaux électriques. « La réduction de la production et les prix négatifs signalent un manque de flexibilité des systèmes », avertit-elle, appelant à investir dans le stockage, les chargeurs intelligents et la flexibilité d’approvisionnement. D’ici 2030, les renouvelables devraient représenter près de 30 % de la production mondiale d’électricité, soit le double d’aujourd’hui.
Source : AFP
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.