Marché de l’électricité : un accord d’ici fin octobre
Les gouvernements français et allemand se sont retrouvés les 9 et 10 octobre, à Hambourg, lors d’un séminaire destiné à aborder plusieurs sujets, d’Airbus à la régulation de l’intelligence artificielle en passant par la cohésion de l’Union européenne. Mais, les dirigeants des deux fers de lance de l’Europe étaient avant tout attendus sur la question de la réforme du marché de l’électricité.
Des mix de production électrique différents mais pouvant aller de pair
Emmanuel Macron a été accueilli par une poignée de militants anti-nucléaire, à son arrivée à Hambourg. Peut-être pouvait-on y voir le symbole des dissensions entre la France et l’Allemagne, sur la question de l’électricité. Alors que la France a la volonté de voir les investissements dans le prolongement de vie des centrales existantes incorporés dans le mécanisme des CFD ; côté allemand, on privilégie les investissements dans le renouvelable, craignant qu’une électricité française trop basse touche l’économie allemande.
Lors de la conférence de presse clôturant le séminaire, Emmanuel Macron a annoncé : « Nous avons acté de pouvoir travailler ensemble (…) dans les semaines à venir pour chercher à conclure, d’ici la fin du mois, un accord nécessaire ». En ce sens, l’Allemagne a fait un pas vers la France, par la voix de son chancelier, Olaf Scholz, qui affirmait : « Nous avons choisi des mix de production électrique différents et en France, le nucléaire joue un rôle important, mais ce n’est pas une contradiction. Cela peut aller de pair ».
Par ailleurs, le président français a insisté sur l’importance de trouver un accord afin de conserver la compétitivité énergétique du continent européen, notamment face aux Etats-Unis : « Face aux Etats-Unis, qui proposent des prix de l’électricité bien plus faibles qu’en Europe, notre priorité doit être de permettre une libre circulation des électrons bas carbone le moins cher possible ». Le chancelier allemand ne l’a pas contredit, renforçant l’idée d’une Europe en mesure de lutter avec les autres puissances sur la question énergétique : « Nous voulons, ensemble, faire en sorte que l’Europe conserve sa souveraineté dans ce domaine et que le système énergétique européen puisse assurer la croissance et les prix bas de l’électricité ».
Une décision en attente
Ces deux jours de discussions n’ont pas manqué d’ambition… sur le papier, qu’il s’agisse du président Macron certifiant la « volonté amicale de mieux se comprendre », l’envie de « faire avancer les choses » ; ou du chancelier Scholz comparant la France et l’Allemagne à un « couple » et parlant de « discussions intenses et constructives ». Au-delà de ces lieux communs, peu d’éléments concrets peuvent être extraits de ce séminaire pourtant présenté comme déterminant. Bruno Le Maire, entre autres, craignait qu’un choix individuel de la France puisse à terme conduire au Frexit.
Les rencontres franco-allemandes ont été régulières en 2023, comme chaque année. Du conseil des ministres en janvier jusqu’à ce séminaire, en passant par l’assemblée parlementaire commune en mai -où déjà, la réforme du marché de l’électricité était la question centrale- les occasions de trouver un terrain d’entente furent nombreuses.
Dès le lendemain du séminaire, le 11 octobre [jour de la rédaction de cet article] a lieu le forum franco-allemand de l’énergie où seront présents le ministère fédéral allemand de l’Economie et de la Protection du Climat, ainsi que le ministère français de la Transition énergétique. Le sujet de l’électricité ne manquera pas de revenir sur la table, pour cette occasion. Puis, le 17 octobre, c’est l’ensemble des ministres de l’Energie des pays membres de l’Union européenne qui se réuniront pour tenter de trouver un accord.
Quant au séminaire, Emmanuel Macron le promet en conclusion : « Nous verrons les fruits de Hambourg grâce aux graines que nous avons semées durant ces journées ». Il ne reste plus qu’à attendre et observer.