Juin 2020 – Note d’analyse des prix de l’électricité
Contexte actuel : reprise et incertitudes sur les marchés
Le spread entre les contrats 2021 et 2023 se sont récemment inversés à la suite des annonces d’une baisse de la disponibilité nucléaire en 2021. Le calendar baseload 2023 à 44,90 €/MWh cote donc en dessous du 2021 à 46,25 €/MWh le 27 mai.
Évolution du prix de l’électricité depuis 2008 (en €/MWh )
(source EEX- 28 mai 2020)
Évolution du prix de l’électricité depuis 1 an (en €/MWh)
(source EEX- 28 mai 2020)
CO2 – Vers une reprise verte ?
Les cours du CO2 ont oscillé durant les mois de mars et avril au gré des humeurs et des craintes du marché. Très impactés par le ralentissement de l’activité économique et industrielle, ils sont descendus à 14 €/tonne EUA au début du confinement. Depuis, ils ont nettement rebondi et se stabilisent au-dessus des 21 €/tonne EUA fin mai. Pour rappel, la tonne d’émissions cotait à 24 € le 10 mars avant de s’écrouler. La baisse des restrictions du coronavirus et le nouveau plan de relance de Bruxelles de 750 milliards d’euros annoncés le 27 mai ont fait remonter les marchés actions et de fait le CO2. En effet, la reprise de la croissance est synonyme de hausse des émissions. Les nombreux appels dans les médias ces dernières semaines à ne pas reproduire la même « erreur » qu’en 2008, lorsque le plan de relance avait favorisé des activités polluantes, seront-ils entendus ? Et même si la reprise doit être « verte, pas grise » pour le Haut Conseil pour le climat, est-ce qu’elle ne serait pas freinée par des mesures augmentant les prix du carbone au détriment de la compétitivité des entreprises européennes ?
Charbon, gaz et pétrole
Coté pétrole, si les prix sont bien remontés après le désastre des prix négatifs de la fin du mois d’avril, il y a encore énormément de volatilité. L’incroyable dévissement des prix du baril et les conséquences sur les marchés rendent les opérateurs craintifs pour le mois de juin. Par conséquent, fait rare, les volumes montrent que les opérateurs ont abandonné prématurément le contrat de juin pour celui de juillet. La question est de savoir si, le recul des stocks de pétrole brut promis par l’OPEP et la Russie, et la reprise de l’activité économique et industrielle mondiale suffiront à rééquilibrer le marché pétrolier. La réunion de l’OPEP prévue le 10 juin devrait donner quelques réponses.
Coté gaz, la situation n’évolue pas beaucoup, les prix restent toujours au plus bas depuis la création des places de marchés gazières en Europe. La reprise progressive de l’économie mondiale et notamment de la Chine et de l’Inde tire doucement les prix du charbon à la hausse. Ces derniers ont rebondi dans le sillage de ceux du pétrole et se sont bien redressés depuis 2 semaines.
L’électricien historique montré du doigt
Les inquiétudes autour de la disponibilité des centrales nucléaires d’EDF cristallisent les marchés. En avril, la production a baissé de 4,9 TWh par rapport à l’an dernier et le groupe a annoncé une baisse de 20 % de la production pour 2020 à 300 TWh. Les annonces de report d’opérations de maintenance en raison du Coronavirus inquiète les traders et les énergéticiens européens qui appellent à plus de transparence de la part de l’électricien français. Les prix restent pour l’instant au-dessus du plancher de l’ARENH mais l’incertitude autour de son futur prix, annoncé en augmentation il y a quelques jours, rend le marché potentiellement intéressant pour 2022-2023. Les récentes déconvenues d’EDF devant la justice entretiennent un climat de tension. Néanmoins, avec le déconfinement et la reprise de l’activité industrielle, la demande d’électricité repart petit à petit. Le spectre de la deuxième vague du Coronavirus qui semble s’éloigner devrait soutenir cette reprise.
Synthèse et préconisation
Avec des prix légèrement au-dessus du prix de l’ARENH, se sont souvent les offres à prix fixes intégrant une part d’ARENH dans leur sourcing mais qui n’en transfère pas les risques au client qui tiennent la corde. Elles allient à la fois compétitivité et sécurité du budget.