Contre toute attente, l’Assemblée nationale a rejeté mardi soir un article clé d’une proposition de loi visant à fixer les objectifs énergétiques de la France, notamment en matière de relance du nucléaire. Ce vote surprise en commission des affaires économiques a été provoqué par l’adoption, dans une certaine confusion, d’un amendement socialiste.

Une relance nucléaire ambitieuse, stoppée net

Le texte initial, porté par le sénateur Daniel Gremillet (Les Républicains) et adopté au Sénat en octobre 2023, visait une relance massive de la filière nucléaire française. Il proposait de maintenir le parc actuel et d’atteindre, d’ici 2050, 27 gigawatts de nouvelles capacités de production d’électricité nucléaire.
Des objectifs intermédiaires figuraient également dans le texte : 10 GW d’ici 2026 (six EPR2) et 13 GW supplémentaires d’ici 2030 (huit EPR2 et un petit réacteur modulaire).

Un amendement adopté… par erreur ?

Mais tout a basculé avec l’adoption d’un amendement de la députée Marie-Noëlle Battistel (Parti socialiste, Isère), qui a purement et simplement supprimé ces objectifs intermédiaires.
Une suppression involontaire, semble-t-il : lors des débats, l’élue a défendu l’abrogation d’une autre disposition, sans réaliser que son amendement portait sur l’article stratégique lié au nucléaire.
Alertée par le rapporteur du texte, Antoine Armand (Renaissance), elle a néanmoins choisi de maintenir sa proposition, qui a été adoptée.

Un débat tendu au sein de la majorité et de l’opposition

Ce retournement de situation a provoqué l’ire du rapporteur : « Le PS fait un grand pas en arrière et retrouve son idéologie antinucléaire », a-t-il déclaré à l’AFP.
Pourtant, les socialistes avaient jusque-là défendu une relance « raisonnée » du nucléaire, estimant nécessaire d’accélérer dans un contexte de retard accumulé sur les énergies renouvelables. Leurs amendements n’ont cependant pas été retenus.

Vers un nouveau bras de fer dans l’Hémicycle ?

« Vous avez refusé les amendements intermédiaires que nous avons proposés. Nous ne sommes pas favorables à ces objectifs et donc, en cohérence, nous les avons supprimés », a justifié le député socialiste Karim Benbrahim (Loire-Atlantique), revendiquant une décision assumée.

Le texte sera désormais examiné en séance publique à partir du 16 juin. Reste à savoir si les débats dans l’Hémicycle permettront de réintroduire les objectifs supprimés ou si ce coup de frein à la relance nucléaire marquera un tournant dans la stratégie énergétique française.

Charlotte Martin Responsable Communication

Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée

Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.

Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.