Après un chantier marqué par les retards, les surcoûts et les controverses, le réacteur EPR de Flamanville vient d’atteindre pour la première fois sa pleine puissance. Une étape symbolique pour EDF et pour la filière nucléaire française, alors que le pays mise beaucoup sur l’atome pour sécuriser sa production d’électricité décarbonée.
Premier réacteur lancé depuis 25 ans
« Le 14 décembre 2025 marque le franchissement d’une étape majeure : le réacteur de Flamanville 3 a atteint 100 % de puissance nucléaire à 11h37 et a produit 1669 MW de puissance électrique brute ». C’est par ces mots qu’EDF a annoncé dimanche, dans un communiqué, que l’EPR de Flamanville avait enfin atteint sa pleine puissance. Un événement qui arrive quelques jours après l’autorisation délivrée par l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR).
Il s’agit du premier réacteur nucléaire à démarrer en France depuis 25 ans. Raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, Flamanville 3 accuse toutefois 12 ans de retard par rapport au calendrier initial. Son coût, initialement estimé à 3,3 milliards d’euros, a été réévalué par la Cour des comptes à 23,7 milliards d’euros aux conditions économiques de 2023.
Dans un contexte où le nucléaire représente une part majeure de la production électrique française, ce succès technique intervient alors que le président Emmanuel Macron a annoncé en 2022 une relance massive de la filière, avec la construction de six EPR2, et la possibilité d’en ajouter huit supplémentaires. Mais la France peine encore à finaliser sa Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), minée par de fortes divisions politiques sur l’équilibre entre nucléaire et énergies renouvelables.
Des tests avant d’alimenter 2 millions de foyers
Cette montée à pleine puissance ne marque pas encore la fin du programme de démarrage. « Cette première atteinte des 100 % permet de tester les matériels à pleine puissance, réaliser des relevés et vérifier leur bon fonctionnement », a précisé EDF, soulignant que la puissance du réacteur sera amenée à varier dans les prochaines semaines pour poursuivre les essais. Une intervention technique est notamment prévue sur un équipement stratégique. « Les équipes procèderont au remplacement complet d’une traversée de 400 kV d’un poste électrique qui relie les ouvrages aériens aux câbles souterrains (…) et permet d’alimenter le transformateur auxiliaire du réacteur de Flamanville 3 », a détaillé une porte-parole d’EDF à l’AFP. « Cette intervention sera réalisée en puissance, sans avoir à déconnecter le réacteur du réseau », a-t-elle ajouté.
La puissance annoncée correspond à la puissance électrique brute, différente de la puissance nette effectivement injectée sur le réseau, une partie de l’électricité produite étant consommée par le réacteur lui-même.
Avec ses 1 650 MW environ, l’EPR de Flamanville est le réacteur le plus puissant du parc nucléaire français et doit, à terme, alimenter près de deux millions de foyers. D’autres EPR sont déjà en service à Taishan (Chine) et Olkiluoto (Finlande), tandis que deux réacteurs sont en construction à Hinkley Point, au Royaume-Uni.
Source : AFP
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.