Nucléaire : les investissements pour les EPR2 en danger ?
Luc Rémont, PDG d’EDF a émis la possibilité de diviser par deux les investissements prévus au programme des EPR2 du fait, entre autres, de l’instabilité politique actuelle.
Un projet à plus de 100 milliards d’euros ?
Le projet des six EPR2 voulus par le président Macron, dont le dossier avait été annoncé pour fin 2024, peine à se finaliser. Mardi 10 décembre, à l’occasion du colloque annuelle de l’Union française de l’électricité (UFE), Luc Rémont, PDG d’EDF a exprimé son mécontentement. Du côté de l’énergéticien, une source précise dans les colonnes des Echos : « On n’est pas pressés à cause du contexte politique. Il faut un gouvernement pour valider le dossier puis le transmettre pour analyse à la Commission européenne ».
La seule construction des six EPR2 avait été estimée à 67,4 milliards d’euros au printemps dernier mais, l’inflation des matières premières devrait alourdir la note. Le coût total final du projet pourrait, lui, dépasser les 100 milliards d’euros. Chez EDF, devant la peur de répéter les erreurs de Flamanville, aucun chiffre n’est arrêté. Plus les délais s’étirent, plus le coût final est élevé. Luc Rémont a donc pour objectif de réduire à 70 mois la durée de construction de la dernière paire des six EPR2, en misant sur l’effet de série. EDF préfère perdre quelques mois maintenant plutôt que de s’engager dans un projet qui lui prendrait dix ans et beaucoup d’argent. Le contexte actuel favorise cette temporisation : qu’il s’agisse de la demande d’électricité en berne, de l’incertitude autour de la future programmation pluriannuelle de l’Energie (PPE), l’inconnue concernant le coût futur de l’électricité nucléaire ; ou, bien sûr, l’instabilité de l’exécutif empêchant l’établissement d’un budget.
Décision finale d’investissement pour 2026
EDF devait présenter la feuille de route des EPR2 fin 2024 à l’Elysée. L’événement a été repoussé à janvier avant même la censure du gouvernement Barnier. Faute d’engagement financier de l’Etat, EDF pourrait diviser par deux les investissements prévus dans le programme 2025 des EPR2, ce qui ramènerait le coût desdits investissements à 1,1 milliards d’euros. Pour l’heure, l’énergéticien indique « poursuivre le travail sur l’ensemble des dimensions du programme, en parallèle avec les services de l’Etat ». EDF souhaite éviter les atermoiements liés au futures élections présidentielles 2027. L’idée est de grouper les différentes hypothèses début 2025, déposer le dossier à la Commission européenne dans la foulée puis prendre une décision finale d’investissement en 2026.