Pétrole : l’OPEP ferme le robinet
A l’issue de leur réunion du 4 juin dernier à Vienne, les 13 pays de l’OPEP et leurs 10 partenaires, ont convenu d’une réduction de leur production de l’ordre de 1,6 millions de barils par jour, à partir de juillet. Un nouveau régime qui devrait être soutenu jusqu’à la fin de l’année 2024.
Endiguer la chute des cours
« Je continue à les avertir que ça va faire mal. Je leur dis : ‘Attention, Vous allez souffrir comme vous en avez fait l’expérience en avril’. Je n’ai pas à dévoiler mes cartes, je ne suis pas un joueur de poker ». Les propos du ministre de l’Energie d’Arabie saoudite, Abdulaziz Bin Salman, prononcés au Forum économique du Qatar, le 23 mai dernier, ne laissaient que peu de place au doute. Les membres de l’OPEP, qui cherchaient à endiguer la chute des cours du pétrole, se sont mis d’accord sur une réduction de leur production (-1,6 million de baril/jour).
Le 30 mai dernier, le prix du baril du Brent de la Mer du Nord atteignait les 73,54 dollars, soit une chute de 35% sur un an. Même constat pour le baril du West Texas Intermediate (WTI), dont la valeur était de 69,46 dollars au 30 mai (-38% sur un an).
Une première tentative infructueuse
La violente sortie du ministre à l’encontre des « spéculateurs », qui « parient sur la baisse du pétrole », fut certainement l’expression d’une impuissance. En avril, l’OPEP avait déjà réduit sa production de 1,1 millions de barils par jour dans l’espoir de voir les cours remonter. Les marchés avaient favorablement répondu, dans un premier temps, avec un baril de Brent grimpant à 85 dollars. Mais la crainte d’une récession globale couplée à la faible demande chinoise a fait repartir les prix à la baisse [- 8,1% (Brent), -8,9% (WTI)].
Dissensions au sein de l’OPEP et chez ses partenaires
La mesure du 4 juin, visant à « équilibrer le marché », selon les propos de Mohammed Al-Mazrouei, ministre de l’Energie des Emirats Arabes Unis, ne convient pas à tous les partenaires de l’OPEP, dont le plus important d’entre eux : la Russie. En amont de la réunion, le vice-Premier ministre russe Alexander Novak déclarait au quotidien Izvestia : « Je ne pense pas qu’il y aura de nouvelles décisions après celle prise il y a un mois ». Il ne le pensait pas mais surtout, ne l’espérait pas- la Russie ayant grand besoin des revenus du pétrole pour financer sa guerre en Ukraine.
Au sein même de l’OPEP, des contestations ont vu le jour, notamment chez les membres africains de l’organisation. Le Nigéria, le Gabon et l’Angola avaient montré leur opposition à la stratégie émanant de Riyad. Pour cause : la production actuelle de ces pays est déjà en dessous de leur capacité théorique de production. Ils ont fini par plier, malgré tout.
L’Arabie saoudite fait cavalier seul
En plus de la réduction générale de production des membres de l’OPEP, l’Arabie saoudite a décidé unilatéralement de réduire ses extractions de brut d’un million de barils par jour supplémentaires, l’amenant à une production en-deçà des 9 millions de barils par jour. Ce qui constituerait le niveau le plus bas de production pour le pays, depuis juin 2021.