Pas de report pour les panneaux solaires sur les parkings
Les acteurs de la distribution espéraient un délai supplémentaire de deux ans pour équiper leurs parkings existants. Las, le décret publié vendredi 15 novembre confirme que l’échéance pour se conformer aux nouvelles obligations reste fixée à juillet 2026.
La grande distribution contrainte par le calendrier
Après dix-huit mois d’attente, le gouvernement a tranché. Le décret imposant l’installation d’ombrières photovoltaïques sur les grands parkings (plus de 10.000 m²) entérine la date butoir de juillet 2026. Pour les surfaces plus modestes, comprises entre 1.500 et 10.000 m², les distributeurs disposent d’un délai supplémentaire jusqu’en juillet 2028.
La réglementation exige que la moitié des parkings soit couverte par des panneaux solaires, sauf si des arbres procurent une ombre équivalente (un arbre pour trois places de stationnement).
« C’est invraisemblable » selon les acteurs du secteur
Les discussions menées avec les gouvernements successifs portaient sur deux points essentiels : allonger les délais et revoir le calcul des surfaces à équiper. Les distributeurs réclamaient un sursis de deux années supplémentaires et souhaitaient que les allées de circulation soient exclues du calcul des surfaces concernées.
Ces demandes ont été rejetées. Le texte définitif ne déduit que les espaces verts ainsi que les zones de stockage et de logistique.
Pour Perifem, la fédération technique de la distribution, ce décret « réitère les erreurs du précédent décret sur les parkings neufs avec une définition extensive des surfaces concernées ».
Une seule échappatoire reste pour les distributeurs : prouver que le coût des travaux serait « excessif » au regard du budget.
« Ces décisions vont avoir des conséquences importantes en figeant notamment le foncier pour des décennies. Les délais de mise en oeuvre de l’obligation n’ont même pas tenu compte des 18 mois d’attente de parution de ce décret, ni de la création d’une filière française des panneaux photovoltaïques ! », a souligné Franck Charton, délégué général du Perifem.
Investissements colossaux et autres freins
Le défi principal réside dans le coût. Selon Perifem, l’équipement des parkings de la grande distribution nécessiterait 11 milliards d’euros.
Comme le rappelle le quotidien Les Echos, une étude d’impact menée par le gouvernement en 2022 estimait cependant que ces investissements pourraient être rentabilisés via la vente d’électricité produite. En moyenne, un investissement de 1.200 euros par kilowatt pourrait générer un rendement de 102 euros par an. L’État recommandait aussi que les enseignes s’associent à des fournisseurs d’énergie, qui assumeraient les coûts d’installation en échange de la gestion et de la vente de l’électricité.
Mais deux obstacles subsistent. D’une part, les tarifs d’achat de l’électricité fixés par les pouvoirs publics peuvent évoluer, rendant les projections financières incertaines. D’autre part, les distributeurs envisagent de réduire leurs besoins en stationnement, leurs zones commerciales étant de plus en plus desservies par les transports en commun.
Les parkings sont également perçus comme des réserves foncières stratégiques pour des projets futurs, tels que des extensions commerciales, bureaux ou logements. Or, l’installation d’ombrières photovoltaïques figerait ces terrains pour des décennies, selon Franck Charton.
Quid de la filière photovoltaïque française ?
Par ailleurs, l’absence d’une filière française de fabrication de panneaux solaires soulève des inquiétudes, car elle profiterait principalement à l’industrie chinoise. La Chine détient actuellement près de 80 % de la production mondiale d’énergie solaire et les panneaux solaires chinois représentent 90 % du marché européen.
Actuellement, les États-Unis représentent également une forte concurrence. L’Inflation Reduction Act (IRA) permet au gouvernement fédéral d’accorder des subventions importantes à certains secteurs, rendant la production de panneaux solaires plus attractive outre-Atlantique qu’en Europe, ce qui décourage les investisseurs européens. Par ailleurs, en bloquant l’accès du marché américain aux panneaux solaires chinois, l’IRA pousse les producteurs asiatiques à se tourner vers l’Europe, où ils pratiquent une politique de prix très agressive.