Houtis et conflit en mer Rouge

Malgré une poursuite des incidents en mer Rouge, en fin de semaine dernière, les cours du pétrole ont clôturé en baisse.

En baisse malgré les troubles

Vendredi, le baril de Brent de la mer du Nord a reculé de 0,68% pour finir la semaine à 78,56 dollars. De son côté, le WTI a connu une baisse de 0,90% à 73,41 dollars. Une évolution étonnante compte tenu des troubles en mer Rouge. Nous vous informions, dans de précédents articles, que les rebelles Houtis du Yémen, acquis à la cause palestinienne, attaquaient des navires considérés comme alliés d’Israël, obstruant ainsi la principale route d’exportation du pétrole du Golfe et forçant les transporteurs à emprunter d’autres routes, plus longues donc plus couteuses.

La semaine dernière, le conflit a pris une nouvelle ampleur lorsque le 17 janvier, les Etats-Unis ont placé officiellement les Houtis sur la liste des organisations terroristes. En réponse, les rebelles yéménites attaquaient un navire américain avec des missiles, dans le Golfe d’Aden. Le 19 janvier, enfin, les Etats-Unis ripostaient en bombardant les sites contrôlés par les rebelles Houthis, abritant les lanceurs desdits missiles. « Malgré les craintes et les discussions sur ce qu’il se passe en mer Rouge, il n’en reste pas moins que l’on n’a toujours pas perdu de pétrole », a indiqué John Kilduff, analyste d’Again Capital.

Les navires saoudiens, émiratis chinois et russes, épargnés

Si les cours ne sont pas davantage perturbés, c’est parce que les Houtis sélectionnent minutieusement les navires qu’ils agressent. Selon Gregory Brew, analyste du cabinet Eurasia Group, les Houthis ont indiqué, vendredi, qu’ils ne considéraient pas les cargos saoudiens et émiratis comme des cibles. « C’est un élément négatif pour le marché du pétrole. Avec les Iraniens, dont les Houthis sont les alliés, cela fait beaucoup de producteurs majeurs qui ne sont pas dans leur viseur (…) Pour le marché, cela reste donc des événements à faible risque pour les flux de brut », a estimé John Kilduff.

Par ailleurs, les navires chinois et russes disposent d’un « passage sécurisé » en mer Rouge comme l’a confirmé Mohammed al-Bukhaiti, membre de la direction politique Houtis, au quotidien russe Izvestia.

La hausse de la production de pétrole par les membres de l’OPEP est un autre facteur majeur de la légère baisse des cours. La production a, en effet, augmenté en décembre par rapport à novembre, selon des chiffres publiés mercredi 17 janvier. Cette hausse entraîne le marché à s’interroger sur la capacité du cartel à tenir ses engagements de réduction de production, pris fin novembre par plusieurs de ses membres et certains alliés de l’accord Opep+. « Les Saoudiens sont seuls à essayer de faire tenir l’ensemble debout (…) et ils sont de plus en plus sous pression », conclut John Kilduff.

Ultime facteur : la hausse de la production est supérieure la croissance de la demande, selon l’AIE : « Le marché apparaît raisonnablement bien approvisionné pour 2024 », précise l’agence.

Source : AFP

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou
Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste pigiste, en presse écrite, auprès de différents journaux et magazines.
Intéressé par les questions liées à l’énergie, il a la charge de la rédaction d’articles et de brèves pour Opéra Energie.