La précarité énergétique atteint un niveau inédit. Malgré plusieurs dispositifs de soutien, associations et observateurs alertent sur un phénomène qui progresse plus vite que les réponses publiques.
35% des Français dans le froid & 1 sur 10 dans la précarité
La Journée contre la précarité énergétique, organisée chaque 18 novembre par la Fondation pour le logement des défavorisés, survient cette année dans un contexte particulièrement tendu. Selon l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), 3,1 millions de ménages, soit 10,1% des Français, étaient en situation de précarité énergétique en 2023. Un phénomène en hausse, alors que 35% des Français disent avoir eu froid dans leur logement durant l’hiver 2024-2025, un pourcentage qui n’était que de 14% en 2020. Le médiateur national de l’énergie confirme cette dégradation : 36% des foyers affirment avoir eu du mal à régler leurs factures de gaz ou d’électricité, contre 28% en 2024 — une progression qualifiée de « hausse très rapide sur un an seulement » par Maider Olivier, coordinatrice de la Journée nationale.
Dans les faits, les ménages contraints choisissent souvent de restreindre leur chauffage. Ainsi, 74% déclarent baisser volontairement la température de leur logement, contre seulement 53% en 2020. Une sobriété contrainte, bien loin des discours sur la transition choisie.
Face à ces chiffres alarmants, certains acteurs regrettent un manque de priorité politique. « La lutte contre la précarité énergétique ne paraît pas figurer parmi les priorités du nouveau gouvernement », alertent les organisateurs de la mobilisation.
La rénovation énergétique, pourtant essentielle pour réduire durablement ces situations, subit elle-même un coup d’arrêt. « Le niveau des aides a été divisé par deux. Un ménage très modeste touchera désormais 32 000 euros maximum pour des travaux pouvant coûter 70 000 à 90 000 euros », déplore Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement des défavorisés. Alors que 12,7% des résidences principales, soit 3,9 millions de logements, sont encore des passoires énergétiques, le besoin d’action se fait plus pressant que jamais.
les aides encore disponibles pour alléger les factures
Malgré un contexte politique incertain, plusieurs dispositifs demeurent à la disposition des ménages en difficulté. Le plus connu, le chèque énergie, est attribué automatiquement à 5,6 millions de Français. Son montant varie de 48 à 277 euros, pour une moyenne de 150 euros. Exceptionnellement, l’envoi 2025 est décalé à novembre, conséquence de retards dans la loi de finances.
Autre solution, bien moins identifiée du grand public : le Fonds de solidarité pour le logement (FSL). Géré par les départements, il peut financer des factures d’énergie, d’eau, de téléphone ou encore combler des dettes de loyer. L’aide peut prendre la forme d’une subvention ou d’un prêt. Elle repose cependant sur l’appréciation locale des revenus et du niveau de loyer, et n’est donc pas automatique.
Enfin, une piste souvent négligée consiste tout simplement à changer de fournisseur. Plusieurs offres à prix fixe peuvent se révéler moins coûteuses que le tarif réglementé, tandis que des options tarifaires, (ex. : heures pleines/heures creuses) permettent d’ajuster sa consommation aux périodes les moins chères. Dans un contexte où 36% des ménages peinent à régler leurs factures, ces solutions ne résolvent pas tout, mais peuvent apporter un soutien réel à court terme.
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.