Prix énergie : l’industrie comprime ses marges
En septembre 2023, comme en mars et juin derniers, l’Insee a interrogé les entreprises industrielles dans le cadre de son enquête de conjoncture pour comprendre comment elles réagissent face au contexte énergétique actuel.
Comment réagit l’industrie française face à la hausse des prix de l’énergie ?
Dans son enquête, l’Insee analyse les réactions des industriels face aux surcoûts associés à leurs dépenses énergétiques. Ont-ils choisi d’augmenter leurs prix de vente, de réduire leurs marges, de prélever sur leur trésorerie, ou même de réduire voire de suspendre leurs activités ?
Après une période de relative stabilité sur les marchés de l’énergie au printemps, le contexte énergétique est actuellement plus tendu en raison des fluctuations des cours du pétrole. Plus de 40 % des entreprises industrielles interrogées ont ainsi déclaré avoir réduit leurs marges en septembre, ce qui représente une baisse par rapport à mars dernier (44 %), mais une augmentation par rapport à juin (34 %).
Des marges réduites et une activité qui tourne au ralenti
La réduction des marges est particulièrement notable dans deux sous-secteurs industriels gourmands en énergie, à savoir la métallurgie (50 %) et l’industrie du bois, du papier et de l’imprimerie (47 %). Par rapport à juin, la proportion la plus significative d’entreprises réduisant leurs marges se trouve dans le secteur textile et pharmaceutique.
Dans les secteurs à forte intensité énergétique, en septembre, beaucoup moins d’entreprises déclarent avoir dû réduire leur activité par rapport à mars (3 % dans la métallurgie et 5 % dans la chimie, par exemple, contre 16 % et 13 % en mars dernier).
Une conjoncture peu favorable à la hausse des prix de vente
A la fin du 1er trimestre 2023, 57 % des entreprises industrielles ont indiqué avoir augmenté leurs prix de vente au cours des trois derniers mois en raison du contexte énergétique. En septembre, ce chiffre chute à 27 %. Cette réduction concerne tous les sous-secteurs industriels, mais l’augmentation des prix de vente reste toujours courante dans l’agro-alimentaire, le textile et la chimie (38 %, 33 % et 33 % respectivement).
Les intentions de modérer les augmentations des prix de vente pourraient s’expliquer par les risques pesant sur la demande, ainsi que par la récente détente observée sur les marchés des matières premières. Parallèlement, les entreprises pourraient maintenir leur volonté de restreindre leurs marges, d’autant plus que celles-ci demeurent à un niveau relativement élevé. En effet, le taux de marge dans l’industrie manufacturière se maintient depuis le troisième trimestre 2022 à au moins 2 points au-dessus de la moyenne de 2018. Enfin, les pressions à la hausse sur les salaires pourraient également inciter les entreprises à exercer une certaine retenue sur leurs marges.