Le projet « industrie verte » pour attirer plus d’investissements étrangers ?
Alors que le projet de loi relatif à l’industrie verte doit être débattu au Sénat, le mardi 20 juin, l’exécutif compte sur cette initiative pour conserver sa place de leader européen de la transition énergétique et attirer des « investissements verts » venus de l’étranger. Un objectif réaliste ?
Retour sur le projet d’industrie verte
Le projet décrit successivement par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire et le président de la République, à la mi-mai comporte plusieurs volets.
Il consiste, tout d’abord, en un soutien dans l’exploitation des technologies vertes (éolien, batteries électriques, panneaux photovoltaïques, pompes à chaleur). Ensuite, il a pour but de favoriser les entreprises vertueuses sur le plan énergétique ce qui permettrait de créer quelque 40 000 emplois d’ici 2030. Enfin, dépolluer les friches industrielles, encourager le recyclage des déchets industriels et soutenir la décarbonation des industries existantes, font partie des objectifs majeurs du programme.
France : numéro 1 des investissements étrangers
Selon le baromètre du cabinet d’audit financier et de conseil, EY, la France est numéro 1 en Europe pour les investissements étrangers, depuis 2018. En 2022, l’hexagone a accueilli 1 259 projets devant le Royaume-Uni (929) et l’Allemagne (832).
Pendant que les deux autres « grands » d’Europe subissent une baisse de 6% (pour le Royaume-Uni) et de 1% (pour l’Allemagne), la France, elle, continue de connaître la croissance dans ce domaine (+3%). « La France est vue comme un pays qui résiste bien et va dans la bonne direction avec ses réformes », déclarait l’ancien rapporteur du budget à l’Assemblée nationale, dans Les Echos.
D’après le cabinet, la France est vue comme le pays impulsant la dynamique de transition énergétique en Europe. Dans son étude, EY montre que 50% des dirigeants d’entreprises européennes interrogés estiment que la France est plus attractive que ses concurrents sur la question de l’industrie verte. 6% déclarent même que le pays est très en avance.
Parmi les atouts -mentionnés par les sondés- que possède la France, l’accessibilité à une énergie décarbonée grâce au nucléaire, arrive en tête à égalité avec la compétitivité du prix de l’énergie. Les entreprises européennes saluent aussi les efforts du gouvernement pour légiférer sur la question de la préservation de l’environnement.
Une perception à relativiser
Lorsque l’on entre dans les détails de l’étude, plusieurs points obligent à dresser un constat plus mitigé. Concernant la décarbonation des chaines industrielles, 60% pensent que la France ne se détache pas particulièrement de la concurrence, pendant que seulement 33% voient le pays comme meilleur que ses voisins européens, dans le domaine.
S’agissant de la « cleantech » (à savoir les entreprises innovantes et performantes dans le domaine de la transition énergétique et environnementale), 16% des sondés jugent que la France est en retard sur le reste de l’Europe.
Sur le plan de la compétitivité prix, si la France est meilleure que les autres pays européens, une flambée de la facture est prévue en 2023 pour les entreprises (principalement les ETI), d’après BPI France.
Enfin, la stratégie de financement du projet « industrie verte » du gouvernement, laisse les analystes de EY perplexes. Ils estiment que la réindustrialisation par les activités vertes sera très capitalistique. « Si la France veut structurer une filière industrielle verte, elle devra être capable de transformer les start-ups en ETI. Ce qu’elle a du mal à faire », prévient Alexis Gazzo, responsable Changement climatique et Durabilité chez EY France.