La nouvelle Stratégie nationale bas carbone dévoilée par le gouvernement marque un abaissement net de ses objectifs ce qui n’a pas manqué de provoquer le mécontentement des acteurs de la rénovation énergétique.
600 000 à 250 000 logements par an d’ici 2030
La publication, le 12 décembre, de la troisième Stratégie nationale bas carbone (SNBC-3) a déclenché une levée de boucliers chez les professionnels et les associations de la transition énergétique. En cause : la révision spectaculaire à la baisse de l’objectif de rénovations globales des logements, désormais fixé à 250 000 par an à l’horizon 2030, contre 600 000 initialement.
Alors qu’en 2023 encore, le Secrétariat général à la planification écologique plaidait pour une accélération massive afin d’éradiquer les passoires thermiques, la nouvelle feuille de route entérine un net changement de cap.
Pour le Réseau Cler, fédération d’associations engagées dans la transition énergétique, cette inflexion constitue un véritable renoncement politique. « C’est un signal d’abandon de la politique ambitieuse engagée il y a deux ans », dénonce Isabelle Gasquet, responsable plaidoyer du Réseau Cler. Elle pointe une « incohérence totale » entre les objectifs affichés par le passé et ce coup de rabot, rappelant que le dispositif MaPrimeRénov’ avait suscité une « forte demande » des ménages avant d’être bridé par un budget insuffisant pour y répondre pleinement.
Les précaires énergétiques en première ligne
Au-delà des arbitrages chiffrés, les associations alertent sur les conséquences sociales de ce revirement. Les ménages en situation de précarité énergétique risquent, selon elles, d’en payer le prix fort. Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement des défavorisés, estime que cette décision repose sur des « raisons purement budgétaires » et inflige une « double peine » aux plus modestes : vivre dans des logements mal isolés tout en subissant des factures d’énergie toujours plus élevées. Il rappelle que la précarité énergétique hivernale est responsable d’environ « 10 000 morts par an » et génère près de « 800 millions d’euros de dépenses de soins annuelles pour la Sécurité sociale ».
Les associations critiquent également une « aberration technique » de la SNBC-3, qui privilégie le remplacement des systèmes de chauffage au détriment de l’isolation globale des bâtiments. « Installer une pompe à chaleur dans une passoire thermique, c’est chauffer la rue », s’indigne Isabelle Gasquet, soulignant que sans traitement de l’enveloppe du bâtiment, ces équipements n’améliorent ni le confort ni la santé des occupants face à l’humidité et aux moisissures.
Même si les CEE sont renforcés pour les rénovations d’ampleur menées par des ménages modestes, cela ne compense pas, selon Manuel Domergue, le désengagement de l’État via MaPrimeRénov’. Il y voit un « calcul à courte vue » susceptible de briser la dynamique d’une filière du bâtiment déjà fragilisée par une politique du « stop and go », désorganisant durablement les artisans qui s’étaient structurés pour répondre à la demande.
Source : AFP
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.