Le secteur de l’énergie s’inquiète de la situation politique
Lors du Forum Enerpresse, qui s’est tenu au Touquet, les acteurs du secteur énergétique ont fait part de leurs inquiétudes concernant la dissolution de l’Assemblée nationale.
Une absence de visibilité qui nuit aux investissements
Géry Lecerf, président de l’Afieg, a critiqué l’absence d’un cadre législatif stable pour la régulation du marché de l’électricité.
Dominique Jamme, directeur général de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), a souligné que cette situation crée une grande incertitude sur le cadre réglementaire à venir, notamment pour les mesures cruciales de l’avant-projet de loi de souveraineté énergétique.
Philippe Boucly, président de France Hydrogène, a exprimé sa frustration face au report de certaines décisions, comme la présentation de la stratégie nationale hydrogène. Selon lui, ces retards risquent de freiner les investissements nécessaires.
Bertrand de Singly, directeur général adjoint de France Industrie, a également averti que les investissements pourraient être reportés ou délocalisés.
Un appel à la publication des textes réglementaires
Les acteurs du secteur énergétique appellent le gouvernement à publier rapidement certains textes, de peur qu’ils ne soient jamais adoptés. Par exemple, la consultation sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a été retardée à plusieurs reprises, notamment à cause des élections européennes, et maintenant à cause de la dissolution de l’Assemblée nationale. Ce retard suscite des inquiétudes, surtout pour l’éolien en mer et la stratégie hydrogène. Philippe Boucly a déclaré : « L’Élysée affirmait que la deuxième stratégie nationale hydrogène serait traitée en interministériel fin juin, pour une sortie mi-juillet. Mais je pense que si on l’a avant la fin de l’année, ça sera déjà bien ».
Les décisions stratégiques concernant la fiscalité de l’énergie, notamment la contribution sur les rentes inframarginales des producteurs d’énergie, sont également suspendues en raison de la sensibilité politique du sujet.
Le secteur des EnR veut rester optimiste
Malgré l’interdiction d’annonces politiques jusqu’aux élections, le gouvernement continue de gérer les affaires courantes : des réunions interministérielles se tiennent et des décisions sont prises, sauf en ce qui concerne les questions budgétaires. Toutefois, au sein de l’administration, l’activité est limitée car aucune décision ne peut être prise sans l’aval des cadres et des cabinets, qui sont concentrés sur la campagne électorale.
Conscientes des obstacles politiques, les filières énergétiques espèrent cependant progresser. Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (Ser), indique ainsi que des textes techniques sont en préparation, tels que deux arrêtés sur l’agrivoltaïsme et l’arrêté tarifaire photovoltaïque S24. Néanmoins, l’avenir de ces initiatives reste incertain, surtout après la récente perte de mandat de Jean-Luc Fugit, président du Conseil supérieur de l’énergie, le 10 juin dernier.