Le solde commercial de la France à un plus bas historique, dû à la hausse des importations d’électricité
Au 3e trimestre 2022, le solde commercial se détériore de 7,3 milliards d’euros par rapport au trimestre précédent pour atteindre -47,6 milliards, son nouveau plus bas historique, analyse une publication des Douanes, parue ce jour.
La moitié de la hausse des importations due à l’énergie
Au 3e trimestre 2022, les exportations françaises de biens continuent de croître en valeur (+5,1 %), à un rythme légèrement supérieur à celui du 2e trimestre (+4,0 %). Les trois quarts de cette croissance sont dus aux biens manufacturés, dont le dynamisme est porté par les ventes d’équipements mécaniques, électroniques et informatiques, celles d’automobiles, ainsi que par le vif rebond des exportations aéronautiques. Les exportations agricoles, portées par le blé, atteignent, quant à elles, un niveau record depuis 2009.
Le bilan est bien plus mitigé côté importations, « qui continuent leur vive progression en valeur.«
Le solde commercial trimestriel se creuse ainsi pour le 7e trimestre consécutif, principalement tiré par l’énergie dont le solde se dégrade de 7,3 milliards ce trimestre, en raison du renchérissement de la facture des achats d’électricité et de gaz naturel liquéfié.
Sur un an, il frôle désormais les 150 milliards, soit le « seuil anticipé par le gouvernement pour l’ensemble de 2022 » comme le rappelle les Echos. « Un déficit historique qui avoisinerait les 200 milliards d’euros cette année est même envisageable dorénavant si le rythme actuel de détérioration se maintenait. » alerte le quotidien.
« Le creusement du solde commercial résulte d’importations qui, en valeur, augmentent plus rapidement que les exportations, dans un contexte de hausse continue de la facture énergétique depuis le 4e trimestre 2020. » détaillent les Douanes.
Le solde énergétique ne cesse en effet de reculer depuis un an (-6,1 Md€ en moyenne chaque trimestre), et s’établit à -35,0 Md€ au 3e trimestre 2022, un niveau équivalent au triple de sa moyenne d’avant-crise, en 2019.
La croissance des importations françaises de ce trimestre est ainsi due pour moitié à l’énergie (+20,6 %). Contrairement aux deux trimestres précédents, cette hausse de la facture énergétique est portée majoritairement par l’électricité (+178,3 %, après +3,1 %) originaire principalement du Royaume-Uni, d’Espagne, d’Allemagne, de Belgique et de Suisse, dont le montant des importations atteint un nouveau record historique, équivalant à 42 fois son niveau moyen de 2019.
Un déficit énergétique au plus haut, porté par l’électricité et le GNL
Pour les Douanes, la hausse des approvisionnements d’électricité s’explique par la conjonction d’une faible disponibilité du parc nucléaire (plus de la moitié des réacteurs nucléaires sont à l’arrêt ) et d’une forte augmentation du prix du gaz sur le marché européen dont dépendent les prix de l’électricité.
Les soldes des hydrocarbures naturels (-2,8 Md€) et du pétrole raffiné (-0,3 Md€) continuent de se détériorer dans un contexte de dépréciation de l’euro vis-à-vis du dollar (monnaie de facturation des énergies fossiles), et malgré une légère baisse du prix du baril (-6,0 %).
La dégradation ce trimestre du solde des hydrocarbures naturels est aussi portée par la progression des approvisionnements de GNL originaires des États-Unis, de Norvège et du Qatar qui viennent plus que compenser la diminution des importations de gaz à l’état gazeux.