Les 23 et 24 avril se tenait le sommet de l’AIE au cours duquel deux visions de l’avenir de l’énergie se sont opposées.
L’AIE plus clémente avec les énergies fossiles
Les mercredi 23 et jeudi 24 avril se tenait à Londres le sommet sur la sécurité énergétique, organisé par l’Agence internationale de l’Energie. Soixante pays et une cinquantaine d’entreprises y étaient présents. Absences notables : la Chine, l’Arabie Saoudite et la Russie, trois acteurs majeurs de l’économie mondiale. Quant aux Etats-Unis, ils n’avaient envoyé dans la capitale anglaise que des secrétaires d’Etat adjoints. Le message était clair : ces grands décideurs du monde de l’énergie, par leur absence ou leur faible représentation, marquaient leur rejet de la trajectoire entreprise par le monde de l’énergie concernant les fossiles.
Cette politique de la chaise vide a porté ses fruits. Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, habituellement grand défenseur du déploiement des énergies vertes, s’est évertué à présenter pétrole et gaz comme « des éléments clés du mix énergétique ». « Ils resteront dans les années à venir », a-t-il précisé, comme pour apaiser le courroux des absents.
Si l’Arabie saoudite était absente, d’autres représentants de l’OPEP étaient présents. Depuis plusieurs années, le cartel n’a pas caché son scepticisme face à la volonté de sortir des énergies fossiles, qualifiant l’initiative de « fantasme » et décrétant que les projets de neutralité carbone étaient « irréalistes ». Aussi, l’OPEP s’est montrée satisfaite des nouvelles précautions de Fatih Birol concernant le fossiles. L’OPEP a salué la tenue du sommet estimant « positif de voir l’AIE se recentrer sur la sécurité énergétique, son objectif fondamental ».
Europe : diversification, prévisibilité et coopération pour une indépendance énergétique
L’Europe était, elle, dans une optique opposée. La présidente de la Commission européenne, Ursula van der Leyen a rappelé que l’indépendance du vieux continent passe par « les énergies propres et produites localement ». Le 6 mai, la Commission présentera une feuille de route assortie de mesures concrètes visant à « mettre fin progressivement aux importations de carburants fossiles russes ».
Face aux menaces de dépendance européenne aux hydrocarbures, Fatih Birol a établi trois règles d’or :
- La DIVERSIFICATION des sources d’énergie
- La PREVISIBILITE des politiques énergétiques
- La COOPERATION entre Etats
« L’Europe ne doit plus jamais être dans une position où la Russie pense pouvoir nous faire chanter avec de l’énergie », a renchéri le Premier ministre britannique Keir Starmer.
Les investissements dans l’énergie sont le plus souvent gigantesques et pensés à long terme. Or, « si les politiques ne sont pas prévisibles », elles créent « de l’incertitude » et donc « un problème majeur pour les investisseurs », a souligné Fatih Birol.
Fatih Birol et le ministère britannique de l’Energie Ed Miliband ont aussi appelé à jouer la carte du « multilatéralisme », au moment où Donald Trump entend se retirer des Etats-Unis de l’Accord de Paris et de plusieurs instances de l’ONU.
Enfin, l’AIE a mis en lumière le défi principal lié à l’essor des énergies bas carbone, à savoir l’approvisionnement en métaux critiques indispensables à la transition énergétique… qui se trouvent pour l’essentiel en Chine.
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.