Alors que la communauté internationale s’interroge sur la manière d’organiser la fin des énergies fossiles, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva défend à la COP30 une approche fondée sur le rythme propre à chaque pays. Une position conciliatrice qui s’inscrit dans des négociations où plus de 80 États poussent pour un engagement formel, malgré les résistances des producteurs pétroliers.
Souplesse et pragmatisme
Adopté en principe lors de la COP28 à Dubaï, l’objectif d’une sortie progressive des énergies fossiles ne figure pas explicitement à l’agenda officiel de la COP30, à Belem. Pourtant, le débat s’impose : plus de 80 pays réclament une décision engageant les États à mettre véritablement en œuvre cette transition. De leur côté, les pays producteurs de pétrole opposent un front ferme, ralentissant des discussions déjà qualifiées de « difficiles ».
Dans ce contexte, Lula rappelle la nécessité d’un discours clair adressé à l’opinion mondiale : « Il faut montrer à la société que nous voulons sortir de la dépendance aux fossiles ». Une volonté qu’il nuance aussitôt en prônant souplesse et pragmatisme : « Sans imposer quoi que ce soit à personne [sic], sans fixer de délai », insiste-t-il, affirmant que chaque État doit pouvoir avancer « selon ses possibilités ».
Cette ligne s’accompagne d’un principe intangible : « Tout doit être fondé sur le consensus », martèle le président brésilien. Une vision partagée, avec prudence, par sa ministre de l’Environnement Marina Silva, qui juge les avancées réelles mais encore incomplètes : « Nous avons eu de bonnes réponses, pas définitives (…) Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir ».
Lula mise sur une transition énergétique sans fracture avec le peuple
Revenu à Belem pour peser sur la dernière ligne droite des négociations, Lula reste discret sur le contenu technique des pourparlers, préférant célébrer l’élan politique et citoyen entourant la conférence.
Entouré du président de la COP30 André Correa do Lago, de Marina Silva et de son épouse Rosangela « Janja » da Silva, le chef de l’État se dit « très heureux » du déroulement de cette COP, donnant presque l’impression d’un succès déjà acquis. Il insiste surtout sur ce qu’il décrit comme « la première COP du peuple du monde entier », citant la mobilisation de dizaines de milliers de personnes dans les rues de Belem. Une nouveauté marquée : pour la première fois depuis la COP26 de Glasgow en 2021, la société civile internationale a pu s’exprimer sans crainte d’arrestations arbitraires.
En valorisant cette participation inédite, Lula cherche à ancrer la COP30 dans une dynamique de légitimité populaire et de compromis progressifs — une stratégie alignée avec sa vision d’une transition énergétique qui avance sans fracture et au rythme des capacités réelles de chaque pays.
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.